Dans les couloirs du pouvoir béninois, une nouvelle réforme a été annoncée, promettant de remodeler le paysage de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle (Etfp). Le Décret n°2025-197 du 23 avril 2025, portant statuts-types des établissements publics d’enseignement et de formation techniques et professionnels, est censé marquer un tournant. Pourtant, à peine publié, il soulève déjà une tempête de critiques. La première flèche décochée par les critiques, et non des moindres, vient du syndicaliste Anselme Coovi Amoussou, Secrétaire général de la CSA-Bénin. Dans une tribune sans concession, il dénonce un « défaut fondamental de méthode » dans l’élaboration de ce décret. Selon lui, cette réforme, bien que « ambitieuse sur le papier », a été concoctée dans un « cercle fermé », sans aucune consultation significative des enseignants, des chefs d’établissements, ou des syndicats. « On ne réforme pas un secteur aussi stratégique en excluant ceux qui le portent au quotidien », martèle Amoussou. Il estime qu’une réforme d’une telle ampleur gagnerait en efficacité si elle reposait sur un dialogue ouvert avec ceux qui vivent les réalités du terrain au quotidien. Pour lui, le manque d’inclusivité pourrait compromettre la mise en œuvre de ce décret, malgré les intentions affichées.
Quand le politique prend le pas sur le pédagogique
Le cœur des critiques syndicales réside dans la « centralisation excessive » du pouvoir. Le décret élève le Conseil des ministres en instance suprême pour des décisions. La nomination des directeurs et des membres des Conseils d’administration en Conseil des ministres n’est pas vue d’un bon oeil. « Le décret se veut ambitieux en posant un cadre juridique complet pour les établissements techniques et professionnels. Il couvre tous les aspects : mission, gouvernance, financement, contrôle, et relations avec les parties prenantes. Toutefois, cette ambition se heurte à une centralisation excessive qui installe le Conseil des Ministres comme organe délibérant. C’est problématique car le Conseil des Ministres concentre ainsi des pouvoirs normalement dévolus à des instances plus proches du terrain (ex. : nomination des administrateurs, approbation des budgets, dissolution) », écrit le syndicaliste. Bien que le décret proclame une autonomie pédagogique, administrative et financière pour les établissements, la réalité, comme le souligne Anselme Amoussou, est toute autre. La tutelle ministérielle reste omniprésente, via les directions départementales et une multitude de procédures de validation, vidant de facto l’autonomie de son sens. Ce paradoxe entre la rhétorique de l’autonomie et la pratique de la centralisation est un point d’attention majeur. Comment un établissement peut-il innover et s’adapter aux besoins du marché du travail si ses décisions stratégiques sont constamment soumises à l’approbation d’une instance politique lointaine ?
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