Église catholique : la mission du pape Léon XIV aux fidèles

Cardinal Robert Francis Prevost élu pape sous le nom de Léon XIV. Photo : © Dylan Martinez, Reuters

Lorsque le nom de Léon XIV a été annoncé depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre le 8 mai 2025, l’ensemble de l’Église a retenu son souffle. Le cardinal américain Robert Francis Prevost, jusque-là peu connu du grand public et absent des prédictions, a été désigné pape après seulement quatre tours de scrutin. Son parcours singulier — marqué par une longue mission au Pérou et son appartenance à l’ordre de Saint-Augustin — tranchait avec les profils attendus. En prenant le nom de Léon XIV, en hommage à Léon XIII, figure emblématique de la pensée sociale de l’Église, il a d’emblée signalé une volonté de pontificat centré sur l’écoute, la fraternité et le témoignage vécu. Une orientation qui s’est illustrée très tôt lors d’un rendez-vous majeur.

La famille en première ligne : un jubilé porteur de sens

Du 30 mai au 1er juin 2025, des familles se sont retrouvées à Rome à l’occasion du Jubilé des familles. Cet événement fort, à la fois spirituel et fraternel, a permis au nouveau pape de poser les premières pierres de sa vision pastorale. Le 2 juin, il s’est exprimé à l’ouverture d’un colloque international consacré à l’évangélisation des familles. Il y a rappelé avec insistance le rôle essentiel de la cellule familiale dans la vie de l’Église : non comme un simple cadre intime, mais comme le lieu premier de la transmission de la foi, de l’Évangile et de la vocation à aimer.

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Son intervention s’est distinguée par la lucidité du constat : de nombreuses familles, aujourd’hui, vivent à distance de la foi. Ce phénomène, qu’il qualifie de « privatisation de la foi », ne s’explique pas tant par une hostilité déclarée que par un effacement progressif de Dieu dans la culture actuelle. Cette transformation rend la religion plus individuelle, isolée du lien communautaire, du témoignage public et de l’action de la grâce. Pour le pape, l’Église ne peut pas rester passive face à cet éloignement ; elle doit « aller à la pêche », c’est-à-dire aller à la rencontre concrète de ceux qui vivent éloignés de Dieu.

Une foi à transmettre par la vie quotidienne

Pour Léon XIV, les réponses à l’indifférence religieuse, notamment chez les jeunes, ne viendront ni de discours théoriques ni de stratégies d’influence. Il insiste plutôt sur le rôle de témoins : des personnes qui, par leur manière simple et authentique de vivre, rendent visible la beauté de la foi. Il insiste aussi sur l’importance de redécouvrir « la force des sacrements » et « la grandeur de l’appel à aimer et à servir la vie » que Dieu adresse aux couples mariés. L’Église doit apparaître proche, accessible, et donner à sentir que la foi est source de joie, de paix et de profondeur intérieure.

Cette vision esquisse une mission renouvelée : non plus aller au loin, mais habiter les lieux du quotidien — foyers, écoles, espaces numériques — avec un regard neuf. C’est là que se joue l’annonce de l’Évangile aujourd’hui. Dans cette dynamique, la famille ne se limite pas à recevoir la foi : elle est aussi actrice, ferment de foi, relais de la présence divine.

Un début de pontificat marqué par la proximité

Le choix de mettre l’accent sur les familles dès les premiers instants de son pontificat n’a rien d’anodin. Il reflète la manière dont Léon XIV conçoit sa mission de pasteur de l’Église universelle. Élu dans un contexte inattendu, il s’impose peu à peu comme un homme de terrain, attaché à la proximité plutôt qu’au protocole. Son expérience d’évêque dans une région pauvre et multiculturelle du Pérou lui a donné un style pastoral direct, proche des réalités humaines. Ce sens pratique de l’Évangile, il l’applique aujourd’hui à l’échelle du monde.

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Ses premières prises de parole ont été sobres. Il y a parlé d’unité, de dialogue et surtout de service. Refusant les formules abstraites, Léon XIV veut montrer que la foi chrétienne ne prend tout son sens que lorsqu’elle est vécue et partagée. Il appelle à une Église présente, consolante, accompagnante, et jamais repliée sur elle-même.

En peu de temps, il a tracé une orientation nette : pour faire face aux défis actuels, l’Église n’a pas besoin d’un changement d’image, mais de refléter toujours davantage le visage du Christ dans la vie concrète des croyants. C’est ainsi que Léon XIV veut avancer : non avec des réformes spectaculaires, mais avec une fidélité humble, joyeuse et féconde. Une Église enracinée dans les réalités du quotidien, convaincue que les vraies transformations prennent souvent naissance dans le silence d’un foyer.

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