Depuis sa prise de fonction à la tête de la Fédération camerounaise de football en décembre 2021, Samuel Eto’o a été associé à des situations faisant l’objet de discussions publiques. Des événements survenus au sein de la Fecafoot ont donné lieu à des réactions variées, notamment en ce qui concerne la gestion administrative, les relations entre membres de la direction et certaines décisions liées à l’organisation du football national. Aujourd’hui, une plainte pour corruption vient ajouter une pierre à l’édifice des controverses qui l’entourent.
Des fonds pour un match, versés sur un compte privé
Au cœur de l’affaire : une somme de 455 000 euros, débloquée par la Fédération russe de football pour appuyer l’organisation d’un match amical entre le Cameroun et la Russie à Moscou, le 12 octobre 2023. Selon des sources internes, ce montant, censé servir aux dépenses liées à l’événement, a été envoyé non pas à la Fecafoot, mais sur un compte bancaire personnel de Samuel Eto’o, logé dans un établissement financier situé au Qatar.
Guibai Gatama, ancien membre du comité exécutif, a décidé de porter plainte, estimant qu’un tel transfert constitue une anomalie grave. À ses yeux, il est inadmissible que des ressources destinées à la Fédération aboutissent sur un compte qui ne relève pas de la structure institutionnelle, même s’il appartient au président en exercice. Il dénonce une gestion non conforme et accuse Samuel Eto’o, accompagné de Blaise Djounang et Benoît Angbwa, deux anciens hauts responsables de la Fecafoot, d’avoir orchestré cette opération. Il les tient pour responsables d’actes de corruption, de détournement et de complicité, citant des manquements au code d’éthique interne de la fédération.
Des lignes de fracture déjà visibles
Cette plainte ne fait que mettre en lumière des tensions déjà anciennes au sein de l’instance. Dès les premiers mois de la présidence Eto’o, des signaux de désaccord ont émergé, avec des conflits internes, des dénonciations d’opacité et des reproches quant à la manière dont les finances étaient gérées. Guibai Gatama, aujourd’hui plaignant, faisait déjà partie des voix les plus critiques, reprochant une concentration excessive des décisions et un déficit de transparence.
La révélation du virement a agi comme un déclencheur, cristallisant les frustrations de ceux qui s’opposent à la gouvernance actuelle. Du côté des mis en cause, on défend la légitimité de l’opération, en affirmant que le transfert a été autorisé par l’organe exécutif de la Fédération. Une version qui n’apaise pas les doutes ni les soupçons.
Une présidence sous tension
Pour Samuel Eto’o, ce nouvel épisode représente bien plus qu’une simple controverse administrative : il met en jeu sa légitimité à incarner une gestion nouvelle, à la fois rigoureuse et responsable, du football camerounais. S’il n’est pas encore question de culpabilité, les accusations formulées posent des questions lourdes de conséquences pour l’image de la Fecafoot. L’affaire intervient dans un moment tendu, où chaque décision du président est scrutée, analysée, et souvent contestée par une partie du milieu sportif local.
Au-delà des individus impliqués, cette plainte soulève un problème plus large sur les pratiques internes et les garde-fous institutionnels. Comment des fonds aussi importants ont-ils pu échapper aux circuits officiels ? Quelles sont les règles internes qui encadrent ce type de transaction ? L’enquête, si elle se poursuit, pourrait apporter des éléments de réponse.
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