Immigration aux USA : bientôt une option payante pour les demandeurs ?

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Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump semble déterminé à durcir davantage la politique migratoire américaine. À ses yeux, l’immigration n’est pas un droit, mais un privilège qui doit être rigoureusement contrôlé – et, de plus en plus, payé. Le président républicain multiplie les mesures qui filtrent, ralentissent ou renchérissent l’accès au territoire américain. Dernière trouvaille en date : faire payer un accès rapide aux entretiens de visa. Un projet qui, s’il se concrétise, pourrait transformer profondément la manière dont les États-Unis accueillent – ou repoussent – les visiteurs étrangers.

Un passe-droit tarifé pour les plus pressés

Le principe envisagé est à la fois direct et discutable : offrir aux étrangers en quête d’un visa de court séjour — qu’ils voyagent pour affaires ou pour le tourisme — la possibilité de payer 1 000 dollars pour décrocher plus rapidement un rendez-vous en ambassade. D’après Reuters, il ne s’agirait pas de remplacer le système existant, mais de créer une alternative express réservée à ceux qui peuvent s’offrir ce service accéléré. En d’autres termes, c’est comme si l’on installait une file VIP à l’entrée de l’administration migratoire américaine, laissant les autres patienter indéfiniment dans la queue standard.

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Ce projet pourrait être testé dès décembre 2025, à titre expérimental. Il viserait à désengorger les services consulaires et à répondre aux plaintes récurrentes concernant les délais interminables. Certaines ambassades sont en effet saturées, et il faut parfois attendre des mois pour obtenir une simple entrevue. Mais derrière cette volonté d’optimisation, beaucoup y voient surtout une tentative de rentabiliser un service public et de créer une forme de discrimination financière.

Une démarche juridiquement fragile

Si le Département d’État se montre très discret sur le sujet, c’est sans doute parce qu’il sait marcher sur une corde raide. Selon une note confidentielle relayée par l’agence Reuters, même les juristes internes à l’administration reconnaissent que ce dispositif risque de ne jamais voir le jour. La raison ? Le prix proposé serait bien au-dessus du coût réel de l’opération, ce qui pourrait enfreindre la jurisprudence de la Cour suprême, qui interdit aux agences fédérales de faire des profits sur les services qu’elles rendent. En clair, l’État américain n’a pas le droit de transformer ses services consulaires en machine à cash.

En plus du risque juridique, il y a aussi un enjeu politique. Une telle mesure pourrait être bloquée par le Bureau du budget de la Maison Blanche, qui doit valider toute initiative de ce genre. Et même si elle passait tous ces obstacles, elle pourrait provoquer une vague de critiques à l’international, notamment dans les pays où les demandeurs de visa sont déjà confrontés à une procédure longue, coûteuse et opaque.

Le visa, un luxe de plus ?

Ce projet révèle une logique de plus en plus assumée : faire de l’immigration non plus une démarche administrative neutre, mais un service différencié selon la capacité à payer. Il s’inscrit dans une stratégie plus large de sélection, où les plus riches ou les plus rentables sont favorisés. Une vision qui rompt avec l’image traditionnelle des États-Unis comme terre d’opportunité accessible à tous.

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Si le programme aboutit, il pourrait créer un précédent : celui d’une immigration à deux vitesses, où l’argent permettrait de contourner l’attente, voire d’avoir plus de chances d’obtenir un visa. Dans un monde déjà marqué par des inégalités croissantes, l’idée qu’une somme rondelette puisse ouvrir plus vite les portes d’un pays aussi influent que les États-Unis est lourde de conséquences.

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