Depuis sa création, le groupe Wagner, société paramilitaire russe opérant dans plusieurs zones de conflit à travers le monde, s’est imposé comme un acteur controversé des interventions extérieures de la Russie. Actif dans des pays comme la Syrie, la Libye, la République centrafricaine ou encore le Mali, ce groupe opère sous un statut privé tout en étant associé à des intérêts étatiques russes. En Afrique de l’Ouest, sa présence a souvent été perçue comme un levier d’influence géopolitique, dans un contexte où certains régimes cherchent à diversifier leurs partenariats sécuritaires face aux défis posés par les insurrections armées.
Un départ annoncé comme une fin de mission
Le vendredi 6 juin, le groupe Wagner a annoncé la fin de sa mission au Mali via un message diffusé sur sa chaîne Telegram. Le texte affirme que « la mission est accomplie » et que la société militaire privée « rentre à la maison », sans plus de précisions sur les modalités ou le calendrier exact de ce retrait.
Selon le message, les objectifs de Wagner auraient été atteints, notamment le soutien aux forces locales. « Nous avons aidé les patriotes locaux à constituer une armée forte et disciplinée, capable de défendre leur territoire », avance le groupe. Il indique également que « toutes les capitales régionales sont désormais sous le contrôle des autorités légitimes » et se targue d’avoir « éliminé des milliers de combattants et leurs chefs ».
Trois ans de présence dans un contexte de rupture avec l’Occident
Le Mali avait fait appel à Wagner dans un contexte de forte instabilité sécuritaire, marqué par des insurrections armées qui secouent le pays depuis 2012. Après la dégradation de ses relations avec ses partenaires occidentaux, notamment la France, la junte militaire malienne avait officialisé un rapprochement avec la Russie, ouvrant la voie à l’arrivée de la SMP Wagner sur son territoire.
L’annonce de ce retrait marque la fin de plus de trois années d’une collaboration sécuritaire qui a suscité de nombreuses réactions sur la scène internationale. Toutefois, plusieurs observateurs estiment que la Russie ne disparaîtra pas totalement du théâtre sahélien.
Une autre structure en relais ?
En effet, malgré le départ annoncé de Wagner, des sources indiquent que Moscou entend maintenir sa présence au Mali via une nouvelle entité : l’Africa Corps. Contrairement à Wagner, cette force paramilitaire serait officiellement contrôlée par l’État russe, ce qui pourrait permettre à la Russie de renforcer sa coopération sécuritaire dans la région tout en ajustant ses outils d’intervention.
Ce repositionnement intervient dans un contexte régional marqué par la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), une coalition née du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO. Ces trois pays, dirigés par des juntes militaires, entendent construire de nouveaux partenariats à l’écart des cadres traditionnels.
Une recomposition des alliances en marche
Le départ annoncé du groupe Wagner du Mali intervient à un moment où les équilibres géopolitiques se redessinent dans le Sahel. Si ce retrait est présenté comme la fin d’une mission, il semble surtout refléter une réorganisation stratégique de la présence russe dans la région. L’éventuelle montée en puissance de l’Africa Corps, sous contrôle étatique, traduit une volonté de Moscou de consolider ses partenariats dans un cadre plus formalisé, en réponse aux critiques internationales visant les sociétés militaires privées. Pour le Mali, ce changement pourrait représenter une transition vers une coopération plus institutionnelle, mais les dynamiques sécuritaires internes, elles, demeurent fragiles et incertaines.
Laisser un commentaire