Longtemps considérée avec prudence en raison des risques technologiques, des coûts élevés et des défis liés à la gestion des déchets radioactifs, l’énergie d’origine nucléaire revient progressivement au centre des stratégies de transition énergétique. Alimentée par la fission de noyaux atomiques, cette source offre une production continue d’électricité avec des émissions de carbone très faibles, ce qui en fait un atout face aux impératifs climatiques. Si certains pays l’ont réduite ou abandonnée, d’autres misent aujourd’hui sur les technologies de nouvelle génération, plus compactes, plus sûres et potentiellement plus adaptées aux contextes émergents. Dans ce contexte, les institutions financières internationales sont appelées à jouer un rôle plus actif.
Un revirement stratégique de la Banque mondiale
La Banque mondiale (BM) a annoncé son intention de soutenir des projets de production d’énergie nucléaire, une orientation qu’elle n’avait plus adoptée depuis plusieurs décennies. Cette évolution a été officialisée par Ajay Banga, président de l’institution, dans un courrier adressé aux équipes internes, que l’AFP a pu consulter.
Ce soutien ne se traduira pas nécessairement par un financement direct de nouveaux réacteurs dans l’immédiat. Ajay Banga précise que l’institution agira d’abord en appuyant la prolongation de la durée de vie des réacteurs existants dans les pays déjà nucléarisés, ainsi que l’amélioration des réseaux et infrastructures électriques associés.
L’enjeu des petits réacteurs modulaires
L’un des volets majeurs de cette nouvelle orientation concerne les petits réacteurs modulaires (PRM). Encore en phase de développement dans plusieurs régions du monde, ces dispositifs compacts promettent une alternative plus flexible et plus accessible à l’énergie nucléaire traditionnelle. Moins coûteux à construire, adaptés aux réseaux de taille moyenne et potentiellement plus sûrs grâce à leurs conceptions innovantes, les PRM pourraient transformer le paysage énergétique de plusieurs pays en développement.
« Nous allons également travailler à l’accélération du potentiel des petits réacteurs modulaires qui offriront une option viable à plus de pays à long terme », a souligné Ajay Banga dans son message.
Une décision en phase avec les enjeux climatiques
Ce repositionnement de la Banque mondiale intervient alors que de nombreux pays cherchent des solutions bas carbone pour répondre à la croissance de la demande en électricité. Si l’éolien et le solaire connaissent une expansion rapide, ils restent intermittents et dépendent fortement des conditions climatiques. L’intégration de l’énergie nucléaire dans les stratégies de financement multilatéral pourrait offrir une complémentarité bienvenue pour assurer la stabilité des réseaux et atteindre les objectifs climatiques.
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