Pétrole en Afrique: Dangote muscle sa logistique

Dangote à sa raffinerie (Photo DR)

Au Nigéria, le nom Dangote est désormais indissociable de l’industrie pétrolière. Après avoir franchi une étape décisive avec sa gigantesque raffinerie de 650 000 barils par jour, le milliardaire passe à la vitesse supérieure. Il vient de dévoiler la date du 15 août 2025 pour démarrer la distribution directe de produits raffinés, sans passer par les distributeurs classiques. Ce choix stratégique est rendu possible grâce à l’acquisition colossale de 4 000 camions alimentés au gaz naturel comprimé (GNC), un investissement estimé à 720 milliards de nairas.

Ce virage logistique intervient dans un contexte où la demande locale reste élevée, avec une consommation quotidienne de carburant estimée à 65 millions de litres, répartis entre essence, diesel et carburant d’aviation. Pour répondre à ce défi, le groupe a choisi de miser sur des véhicules moins énergivores, qui permettent de réduire d’environ 40 % les coûts opérationnels par rapport aux camions diesel traditionnels. Une manière pour Dangote de redessiner les contours du transport de produits pétroliers au Nigéria.

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Contourner les intermédiaires pour dominer la chaîne

La démarche ne se limite pas à une simple optimisation logistique. En opérant sa propre flotte, Dangote se positionne directement face aux grands distributeurs qui ont longtemps monopolisé la livraison de carburants dans le pays. Cette autonomie pourrait transformer les rapports de force dans le secteur, d’autant que la raffinerie atteint déjà 85 % de sa capacité opérationnelle, ce qui permet d’inonder le marché local sans dépendre d’acteurs externes.

En intégrant également la construction de stations-service GNC sur l’ensemble du territoire — structurées en stations dites « mères et filles » — le groupe pose les bases d’un réseau de distribution complet. Cette configuration vise à éliminer les goulets d’étranglement qui ont freiné, par le passé, la disponibilité du carburant dans certaines régions. D’un point de vue économique, les coûts liés au transport, estimés à 45 nairas par litre, représenteront plus de 1 070 milliards de nairas chaque année. En absorbant cette charge, Dangote ambitionne aussi de peser sur les prix à la pompe.

Des conséquences systémiques pour le marché nigérian

Le choix du GNC, à la fois moins polluant et plus économique, s’inscrit dans une mutation énergétique globale mais il répond aussi à une nécessité locale : faire face à la volatilité des prix du diesel, souvent importé. En remplaçant partiellement ce carburant dans la logistique par du gaz comprimé, le groupe s’affranchit des cycles inflationnistes et des tensions géopolitiques qui affectent les chaînes d’approvisionnement traditionnelles.

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