Sénégal : Démenti et avertissement sur la spéculation du sucre

À Guédiawaye comme à Yeumbeul, certains étals sont restés désespérément vides ces derniers jours. Dans certaines boutiques de quartier, des clients rapportent des prix atteignant 700 francs le kilo de sucre, bien au-delà du tarif connu. Ce phénomène, observé par les associations de consommateurs, relance une vieille inquiétude : celle d’un marché informel prompt à faire flamber les prix dès les premières rumeurs de tension sur les produits de base. Pourtant, aucune alerte réelle sur l’approvisionnement n’a été émise par les autorités de régulation. La perception d’une rareté, aussi subjective soit-elle, suffit parfois à créer une vague spéculative que les mécanismes de contrôle ont du mal à rattraper.

En réaction à ces désordres récurrents, le projet des « mille volontaires de la consommation » avait été lancé pour surveiller le terrain, dialoguer avec les commerçants et signaler les pratiques douteuses. Mais ce dispositif n’est pour le moment pas opérationnel.


Une réponse officielle tranchée

Face à l’agitation montante, le ministère de l’Industrie et du Commerce a réagi publiquement ce 23 juin, tentant de ramener les débats à des données concrètes. Il affirme que les réserves disponibles dépassent les 35 000 tonnes et couvrent sans difficulté la demande nationale jusqu’à la fin du mois de juillet. Autrement dit, aucune pénurie n’est à redouter, et les hausses de prix constatées dans certains points de vente ne trouvent pas de justification dans l’état réel du marché.

Mais au-delà du démenti, l’autorité ministérielle a opté pour un ton plus ferme. Les commerçants sont prévenus : toute manipulation des prix sera considérée comme un acte de spéculation illégale, passible de sanctions. Les consommateurs sont invités à signaler tout abus via un numéro vert mis à disposition. Le message est clair : l’approvisionnement est assuré, le problème vient d’ailleurs.


Prix, confiance et régulation citoyenne

Le sucre, au Sénégal, ne se réduit pas à une denrée : il incarne un baromètre du pouvoir d’achat et un thermomètre social. Toute variation de prix, aussi minime soit-elle, devient immédiatement un sujet de discussion publique. Dans ce contexte, la lutte contre la spéculation ne se joue pas uniquement dans les entrepôts ou les bureaux ministériels. Elle repose aussi sur la capacité des citoyens à refuser des pratiques abusives, à réclamer des factures, à comparer les prix. C’est dans cette optique que les lignes vertes prennent toute leur importance, en transformant la dénonciation individuelle en levier collectif.

Cependant, la réussite de cette stratégie suppose que les outils de signalement soient réellement accessibles, fonctionnels et crédibles. Or, plusieurs usagers affirment avoir tenté en vain de joindre le numéro vert, sans obtenir de réponse. Si l’État veut endiguer durablement ces flambées saisonnières, il devra accorder autant d’attention à l’écoute du consommateur qu’à la surveillance des stocks.

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