Sénégal : Les clarifications de l’ONAS suite aux manifestations à Thiaroye-sur-Mer

image d'illustration/mapio.net

À Thiaroye-sur-Mer, le sentiment d’abandon ressurgit à chaque chantier lancé dans les localités voisines. Depuis plusieurs mois, les habitants attendent des avancées concrètes sur la restructuration de leur quartier, dont les limites ont été cartographiées, les zones à réaménager identifiées, mais sans qu’aucune pelleteuse ne vienne concrétiser l’espoir né du recensement. Le projet, pourtant amorcé, est encore à l’étape d’étude, faute de financement engagé. Ce flou a nourri la frustration d’une partie de la population, qui voit dans les projets voisins des promesses tenues, pendant que les leurs stagnent. La colère a éclaté le 23 juin, dans la rue, au son des pneus en feu et des slogans d’exaspération.

Ces tensions locales ont réveillé des interrogations sur la répartition des priorités publiques. Pourquoi Thiaroye tarde-t-elle à bénéficier d’un traitement équivalent à celui accordé à Hann ou Petit Mbao, restructurés plusieurs années plus tôt ? Cette perception d’injustice, alimentée par un déficit d’information, a contribué à l’amalgame entre différents programmes en cours.

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Deux projets, deux logiques différentes

Face à cette confusion, l’Office National de l’Assainissement du Sénégal a tenu à remettre les choses au clair. Le projet de dépollution de la baie de Hann, financé à hauteur de 117 milliards FCFA, est d’abord un chantier technique : pose de canalisations, traitement des eaux usées, amélioration de la salubrité marine. Il vise à réduire les rejets dans l’océan Atlantique et à améliorer la qualité de vie des quartiers côtiers exposés aux pollutions chroniques. Ce projet ne comprend aucun volet de réhabilitation urbaine ou de réaménagement foncier à Thiaroye-sur-Mer. Il n’a donc aucun lien direct avec les revendications exprimées par les manifestants, bien que les deux thématiques — environnement et habitat — soient étroitement liées dans la réalité vécue par les riverains.

L’ONAS rappelle avoir mené plusieurs réunions avec les autorités locales, les délégués de quartier et des représentants de la population pour exposer la portée réelle du programme de dépollution. Ces rencontres visaient à éviter les interprétations erronées et à prévenir les tensions, en expliquant que le projet de restructuration de Thiaroye relevait d’un autre dispositif, initié mais non encore mis en œuvre.


Dialogue, clarté et visibilité

Le cœur du problème, plus que l’absence de travaux visibles, réside dans le manque de lisibilité des actions étatiques pour les habitants concernés. Lorsqu’un quartier voisin voit ses routes refaites et ses canaux rénovés, l’immobilisme d’un autre devient insupportable. Ce différentiel perçu, même lorsqu’il repose sur des temporalités ou des financements distincts, crée un déséquilibre émotionnel que les institutions doivent anticiper.

La dépollution de la baie de Hann est un chantier essentiel pour la santé publique et l’environnement côtier. Mais elle ne suffira pas à calmer les attentes de Thiaroye. Pour cela, il faudra que les projets promis cessent d’être des promesses suspendues. Parce qu’à force d’attendre, les populations finissent toujours par se faire entendre autrement.

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