Sénégal : La question de "l'autosuffisance en riz"

Pendant plus d’une décennie, l’autosuffisance en riz a été une promesse répétée dans les discours officiels. Pourtant, malgré des programmes agricoles ambitieux et un fort soutien médiatique, le Sénégal a continué d’importer une part importante de son riz de consommation. Les résultats obtenus sous le magistère précédent ont souvent été en deçà des attentes, à cause notamment de dysfonctionnements dans la distribution de matériel, d’inégalités d’accès aux intrants, et d’une faible structuration des circuits de transformation et de commercialisation.

C’est donc sur un terrain encore partiellement défriché que le président Diomaye Faye avance ses ambitions. Le nouveau chef de l’État a visité, ce jeudi, la zone de Diama, dans la vallée du fleuve Sénégal, une région stratégique dans la production rizicole. L’occasion pour lui d’affirmer une volonté politique forte : faire de l’autosuffisance alimentaire un objectif tangible, en engageant l’État à des investissements lourds sur le long terme.

Des surfaces élargies et une stratégie de filière

Concrètement, le gouvernement annonce une extension significative des surfaces irriguées, avec près de 10 000 hectares supplémentaires mis en exploitation en une seule année. Ce chiffre illustre un tournant technique, à la fois en matière de planification agricole mais aussi d’usage plus efficient de l’eau et de mécanisation. La vallée du fleuve Sénégal, avec son potentiel hydraulique et ses terres fertiles, est vue comme le levier principal pour augmenter la production nationale de riz.

En parallèle, l’accent est mis sur le soutien institutionnel aux agriculteurs : facilitation de l’accès au crédit, amélioration des semences et des engrais, et accompagnement technique. Il est aussi question de renforcer les unités locales de transformation pour limiter les pertes post-récolte et mieux valoriser la production. Le président a insisté sur le fait que cette approche ne devait pas se limiter au riz, mais englober aussi d’autres produits clés comme le sucre ou les légumes maraîchers.

Une autosuffisance qui reste à construire

Les intentions affichées par Diomaye Faye marquent une rupture dans la méthode, mais la réussite dépendra de la capacité à transformer ces déclarations en résultats durables. L’histoire récente a montré que les obstacles sont nombreux : manque de coordination entre les acteurs, dépendance aux importations, effets du changement climatique et tensions foncières dans les zones agricoles.

La promesse d’autosuffisance en riz ne pourra se concrétiser que si les moyens déployés bénéficient effectivement aux petits producteurs, souvent les moins outillés pour absorber les innovations. L’enjeu est aussi économique : chaque kilogramme de riz produit localement représente une économie précieuse sur les devises étrangères.

Alors que les ménages subissent encore le poids des hausses alimentaires, l’attente est forte. Et la réussite de cette ambition pourrait bien devenir, à terme, l’un des marqueurs les plus visibles du quinquennat.

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