La Casamance, longtemps connue pour ses paysages luxuriants et ses terres fertiles, est aussi devenue un point névralgique dans le circuit clandestin du chanvre indien. Dans cette région isolée, des plantations illégales prospèrent à l’abri des regards, alimentant un commerce souterrain structuré et difficile à démanteler. Ce trafic ne s’arrête pas aux frontières régionales : il alimente des réseaux criminels actifs à l’échelle nationale, voire sous-régionale, et finance des activités parallèles, parfois liées à l’insécurité et à des groupes armés.
La dernière opération menée à Ziguinchor par les Forces de défense et de sécurité en atteste. En quelques jours, une saisie spectaculaire de quatre tonnes de chanvre indien a été réalisée conjointement par les Douanes, la Gendarmerie et les Forces armées. Cette opération confirme l’ampleur du phénomène mais aussi la montée en puissance des dispositifs de surveillance déployés sur le terrain.
Une réponse sécuritaire saluée par les autorités
Face à ces résultats, Jean Baptiste Tine, ministre de l’Intérieur, a exprimé son admiration pour le travail effectué par les équipes engagées. Il a salué un engagement sans relâche contre ce qu’il considère comme un poison à triple impact : il détruit la jeunesse, fragilise l’économie informelle et renforce les circuits de criminalité transnationale. Pour lui, cette saisie massive est bien plus qu’une victoire opérationnelle : elle représente un signal clair envoyé aux trafiquants et à leurs complices.
Les autorités sécuritaires, quant à elles, considèrent ce coup de filet comme une démonstration de coordination entre les corps armés et douaniers. L’accent est mis non seulement sur la répression, mais aussi sur l’anticipation, avec une meilleure cartographie des zones à risques et une surveillance accrue des axes de transport utilisés par les trafiquants.
Une bataille de longue haleine contre une économie parallèle
Si la législation sénégalaise demeure parmi les plus strictes de la sous-région en matière de stupéfiants, l’ampleur des cultures illicites dans certaines zones rend leur éradication particulièrement difficile. Dans de nombreuses localités reculées, le chanvre indien constitue parfois une source de revenus là où les cultures vivrières peinent à assurer un minimum vital. Cette réalité complexifie la réponse étatique, entre nécessité de répression et impératif de développement économique local.
La saisie opérée à Ziguinchor n’est qu’un épisode dans une série d’opérations similaires menées ces dernières années, confirmant que le phénomène ne faiblit pas. Le gouvernement est ainsi confronté à un double défi : maintenir la pression sécuritaire sur les trafiquants tout en proposant des alternatives économiques crédibles pour les populations rurales tentées par cette activité illicite.



