Sénégal : Une deuxième audience de l'ancienne ministre Ndèye Saly Diop

La Haute Cour continue de dérouler ses auditions dans le cadre des enquêtes post-alternance. Après Sophie Gladima, entendue une nouvelle fois le 11 juin dans l’affaire du centre gravimétrique de Kédougou, c’est désormais au tour de Ndèye Saly Diop Dieng, ancienne ministre de la Femme, de la Famille et du Genre sous Macky Sall, de comparaître pour une deuxième audience fixée au 19 juin. Ce passage décisif devra permettre à la Commission d’instruction d’examiner en profondeur les pièces du dossier et les arguments de la défense. Une procédure lourde d’enjeux, à l’image des trajectoires divergentes que connaissent les cinq anciens ministres convoqués jusqu’ici.

Alors que certains ont été placés sous mandat de dépôt, d’autres, comme Ndèye Saly Diop, ont jusqu’à présent échappé à l’incarcération grâce à une mise sous contrôle judiciaire conditionnée à un versement de caution. Dans son cas, la somme versée à la Caisse des Dépôts et Consignations s’élève à 57 millions de FCFA. Ce geste, qualifié de « gage de coopération » par ses avocats, reste toutefois insuffisant à éteindre les poursuites. La justice entend aller jusqu’au bout de l’instruction, sans précipitation ni complaisance.

Une justice au cas par cas

Depuis le changement de régime, le paysage judiciaire sénégalais connaît un regain d’activité inédit. Plusieurs membres de l’ancien gouvernement sont ciblés par des enquêtes distinctes. Si Sophie Gladima a été placée en détention provisoire, d’autres figures ont vu leur situation évoluer plus lentement, avec des auditions à répétition mais sans issue judiciaire immédiate. Ce traitement différencié interroge l’opinion publique, tout en témoignant de la volonté des autorités de ne pas généraliser les poursuites sans éléments probants.

Pour Ndèye Saly Diop, dont les responsabilités étaient axées sur les politiques sociales et familiales, les accusations pourraient porter sur la gestion de fonds dédiés à des programmes sensibles. La précision des griefs n’a pas encore été rendue publique, mais les sources proches du dossier évoquent une instruction en cours sur des lignes budgétaires mobilisées entre 2020 et 2023. La défense, elle, assure avoir transmis toutes les pièces justificatives requises et maintient que les procédures ont été suivies avec rigueur durant l’exercice de ses fonctions.

Une audience décisive à l’horizon

Le 19 juin, date de la prochaine audition, s’annonce comme un tournant pour l’ex-ministre. Elle devra répondre aux interrogations de la Commission d’instruction sur la base de documents vérifiés, de relevés comptables et de correspondances administratives. Son sort judiciaire, comme celui de ses anciens collègues, dépendra non seulement de la solidité de son dossier, mais aussi de la stratégie de communication adoptée pour convaincre les juges de sa bonne foi.

Cette série d’auditions, qui s’étend sur plusieurs semaines, illustre les tensions post-électorales entre la volonté de justice du nouveau pouvoir et la défense d’un bilan par les figures de l’ancien régime. Dans ce contexte, la deuxième audience de Ndèye Saly Diop pourrait être perçue comme un baromètre de l’équilibre que tente de maintenir le système judiciaire sénégalais entre transparence, équité et indépendance.

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