Sénégal : Une réforme foncière pour assoir la sécurité alimentaire

Depuis deux ans, les services de la DGSCOS ont été submergés par une avalanche de réclamations. Ces plaintes, souvent liées à des conflits d’attribution ou d’occupation irrégulière des terres, révèlent un malaise persistant dans la gestion du foncier au Sénégal. À ce jour, nombre de ces dossiers demeurent sans suite concrète, générant frustrations et tensions, en particulier dans les zones rurales où la terre représente un outil de survie autant qu’un héritage culturel. Face à ce constat préoccupant, l’État entend poser des bases durables pour restaurer la confiance des populations dans le système foncier.

La terre, clé de voûte de la souveraineté alimentaire

Au dernier Conseil des ministres, le président Bassirou Diomaye Faye a clarifié ses priorités : sans une réforme foncière profonde, aucun objectif d’autonomie alimentaire ne pourra être atteint. L’accent est mis sur la sécurisation des exploitations, en garantissant aux agriculteurs la pleine propriété des terres qu’ils travaillent. Cette mesure vise à ancrer les activités agricoles dans la durée, à favoriser les investissements structurants, et à protéger les exploitants contre les risques d’expropriation ou de conflits futurs. Le gouvernement veut également permettre aux paysans d’utiliser leur titre foncier comme garantie pour accéder à des financements, jusque-là inaccessibles à une large majorité d’entre eux.

Une stratégie articulée autour du droit et du développement

Au-delà des déclarations, la stratégie du gouvernement repose sur un triptyque : accorder des titres de propriété aux détenteurs légitimes, orienter les financements publics et privés vers les zones à fort potentiel agricole, et encourager les initiatives d’investissement dans le secteur. Il ne s’agit pas seulement de régler des conflits, mais de transformer la terre en levier économique. Le président souhaite que chaque paysan, chaque famille vivant de l’agriculture, puisse se projeter dans l’avenir avec des garanties tangibles. Cela suppose également une révision des mécanismes d’attribution et de contrôle, afin de prévenir de nouveaux abus.

Cette volonté politique pourrait marquer un tournant, à condition qu’elle soit accompagnée d’une mise en œuvre rigoureuse, inclusive et rapide. La terre n’est pas seulement un bien à gérer ; elle est au cœur de la stabilité sociale et du redressement économique du pays.

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