Sénégal : Vers une industrie du transport propre avec la Chine

Le Sénégal franchit un nouveau cap dans sa politique de mobilité durable en actant la création d’une unité d’assemblage de bus à gaz et électriques sur son sol. Fruit d’un partenariat entre l’État, le Fonds de Développement des Transports Terrestres (FDTT), l’Association de Financement des Transports Urbains (AFTU) et la société China Africa Investment and Development, le projet repose sur l’expertise du constructeur chinois Yutong, accompagné du groupe Zhenhuai Construction. Cette implantation industrielle vise à produire localement des véhicules adaptés aux besoins du territoire, tout en accélérant la transition vers un transport urbain plus propre.

Avec l’ambition de renouveler plus de 40 000 véhicules en circulation, le programme prévoit le déploiement de 6 000 bus neufs au cours des cinq prochaines années. Au-delà de l’enjeu environnemental, ce projet structurel introduit une dynamique industrielle nouvelle, portée par l’assemblage sur place de véhicules modernes. Il s’agit là d’une opportunité de réorganiser l’offre de transport autour de technologies vertes, tout en stimulant la création d’emplois qualifiés dans la chaîne de valeur automobile.

Un pas de plus après le succès du BRT

Ce chantier industriel s’ancre dans une dynamique de modernisation déjà amorcée avec le lancement du Bus Rapid Transit (BRT) à Dakar. Ce système de transport, capable de transporter 300 000 passagers par jour, a démontré que l’innovation en matière de mobilité n’était pas une utopie au Sénégal. Silencieux, climatisés et fonctionnant à l’électricité, les bus du BRT ont non seulement réduit les temps de trajet, mais aussi amélioré la qualité de l’air dans les zones densément peuplées. Fort de cette réussite, l’État ambitionne désormais de diffuser ce modèle au niveau national grâce à la production de ses propres véhicules.

La cohérence entre la montée en puissance du BRT et la future unité d’assemblage est manifeste. Le Sénégal ne se contente plus d’importer des solutions ; il entend désormais en être un acteur. L’enjeu est double : assurer une continuité dans l’innovation logistique tout en réduisant la dépendance aux importations. Cette capacité à internaliser la production pourrait faire du pays un pôle régional de fabrication de bus propres.

Professionnalisation du secteur et modernisation des infrastructures

Au-delà de la fabrication des véhicules, les accords signés intègrent une rénovation complète du cadre logistique. Des gares routières modernes, des stations de recharge adaptées aux bus électriques et à gaz, ainsi que des centres de maintenance et de formation verront le jour. Ces infrastructures devront accompagner le renouvellement du parc, mais aussi garantir son entretien durable.

L’intégration de centres de formation traduit la volonté d’investir dans les compétences locales. Chauffeurs, mécaniciens, techniciens de maintenance… toute une nouvelle génération de professionnels est appelée à prendre part à la transformation du secteur. Cette montée en qualification s’impose comme une condition essentielle pour pérenniser les investissements.

Avec l’appui de la Chine, le Sénégal amorce un virage stratégique en matière de mobilité urbaine. De simple importateur de véhicules, il s’apprête à devenir un producteur capable de répondre à ses besoins internes tout en modernisant ses infrastructures. Ce choix audacieux pourrait bien redéfinir les contours de la mobilité en Afrique de l’Ouest, en plaçant le pays sur la voie d’une souveraineté technologique et environnementale.

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