Vendredi 30 mai 2025, une nouvelle descente policière a mis au jour l’ampleur persistante du trafic de médicaments contrefaits dans le plus grand marché du Bénin. Environ une tonne de produits pharmaceutiques illicites ont été saisis lors d’une opération conjointe menée par deux unités de la Police républicaine dans 11 boutiques suspectes, en plein cœur du 6ᵉ arrondissement de Cotonou.
Cette opération fait suite à plusieurs semaines d’investigations. Le commissariat spécial de Dantokpa, appuyé par celui du 6ᵉ arrondissement, a agi sur la base de renseignements jugés fiables. Une intervention de plus dans une lutte nationale contre un phénomène aux ramifications profondes. Quelques jours auparavant, 78 kilos de médicaments similaires avaient été interceptés à Parakou, dans le marché Arzèkè. En avril, c’est à Azovê que les forces de l’ordre avaient mis la main sur près de 1,5 tonne de médicaments frauduleux.
Malgré cette intensification des opérations de répression, le commerce illégal de médicaments résiste. À Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi, certains usagers reconnaissent, à visage découvert, leur fidélité à ce marché parallèle. Simplice, la quarantaine, assume :
« Je continue d’acheter mes médicaments ici. D’abord, parce que c’est moins cher. Ensuite, en pharmacie, il faut souvent une ordonnance, et certains produits sont même indisponibles », explique-t-il, un sachet de médicaments en main. Ses propos illustrent une réalité bien ancrée : pour une partie de la population, le recours au marché informel est dicté par des contraintes économiques, mais aussi par un accès limité au système formel de santé. Ce contexte explique en partie la résilience du trafic, malgré les risques sanitaires et judiciaires qu’il représente.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les médicaments contrefaits — inefficaces, mal dosés ou toxiques — sont responsables de milliers de décès chaque année en Afrique de l’Ouest. Pourtant, à Dantokpa comme ailleurs, leur commerce prospère, soutenu par une demande constante et des circuits de distribution difficilement traçables.
Changer de stratégies
Depuis l’affaire très médiatisée d’Atao Hinnouho en 2018, le Bénin a renforcé son arsenal juridique. Mais les sanctions, bien que dissuasives, peinent à juguler un phénomène alimenté par des logiques économiques et sociales tenaces. La lutte contre les faux médicaments ne peut plus se limiter aux saisies ponctuelles. Elle appelle à des réponses globales : renforcement de l’offre pharmaceutique légale, politique de prix accessible, campagnes de sensibilisation ciblées et coopération régionale accrue.


