L’industrie automobile européenne est actuellement en proie à une grande incertitude en raison des nouvelles restrictions imposées par la Chine sur l’exportation de terres rares. Une situation qui s’inscrit dans un contexte tendu entre les deux puissances, Bruxelles ayant appliqué une série de sur-taxes sur les véhicules électriques chinois.
Ces terres rares, essentiels et dont la Chine domine presque entièrement la production mondiale, font l’objet de procédures d’exportation considérablement renforcées. Cette situation pose une menace directe à la fabrication de véhicules électriques en Europe.
Les dirigeants du secteur craignent des perturbations majeures dans les chaînes de production, similaires à la crise des semi-conducteurs qui avait paralysé l’industrie entre 2020 et 2022. Les délais d’approvisionnement, autrefois de quelques semaines, s’étendent désormais sur plusieurs mois.
Une dépendance qui va au-delà des moteurs électriques
Contrairement à une idée répandue, l’utilisation des terres rares dans l’automobile ne se limite pas aux moteurs électriques. Ces éléments, aux propriétés magnétiques exceptionnelles, sont présents dans de nombreux composants courants :
- capteurs de sécurité ABS et ESP,
- directions assistées électriques,
- systèmes d’essuie-glaces,
- équipements audio.
Pour les véhicules électriques en particulier, ces matériaux sont indispensables à la fabrication des moteurs synchrones à aimants permanents, appréciés pour leur efficacité énergétique supérieure à 95 %.
Des géants de l’équipement automobile comme Bosch, leader mondial avec un chiffre d’affaires de 88 milliards d’euros, font d’ores et déjà état d’annulations de commandes de la part de fournisseurs chinois, qui ne pourront tenir leurs délais.
Mercedes-Benz, qui s’est engagé à électrifier complètement sa gamme d’ici à 2030, surveille, quant à elle, l’évolution de la situation. Malgré le risque de mise sous tension de sa chaîne, l’entreprise allemande souhaite maintenir le dialogue avec ses partenaires chinois.
Innovations technologiques et diversification des stratégies
Face aux risques, l’industrie accélère le développement de solutions technologiques alternatives. Les moteurs à réluctance commutée, qui fonctionnent sans aimants permanents, gagnent en popularité malgré un rendement légèrement inférieur. BMW a déjà adopté cette approche dans son modèle iX3, tandis que Tesla et Renault investissent massivement dans la recherche de matériaux de substitution et de solutions hybrides innovantes.
Comment réduire sa dépendance à la Chine ?
Dans le même temps, l’UE investit massivement pour réduire sa dépendance à la Chine. Au Groenland, le projet Kvanefjeld pourrait aider à couvrir jusqu’à 25% des besoins d’ici à 2030. De nouveaux partenariats, signés avec le Canada ou encore l’Australie, participeraient ensuite à limiter l’impact des décisions chinoises sur la chaîne européenne.
Enfin, de grands projets de recyclage ont été annoncés. D’ici à 2029 – 2030, Bruxelles souhaite être en mesure de recycler jusqu’à 65% de son lithium et 95% de son cobalt. Ainsi, ces minerais pourraient être réutilisés. Si l’idée a de quoi séduire, elle nécessite cependant de sérieux investissements de la part de l’Union européenne, à l’heure ou l’argent vient à manquer.
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