Au cours des dix dernières années, Moscou a opéré un retour méthodique sur le continent africain, renforçant sa présence par des partenariats militaires, économiques et diplomatiques. La République centrafricaine (RCA), en particulier, s’est affirmée comme un partenaire de choix, notamment à travers la coopération sécuritaire et l’envoi d’instructeurs russes. Ce rapprochement s’est traduit par une influence croissante de la Russie dans les affaires politiques et économiques de Bangui, et par une ouverture plus large aux initiatives de coopération dans d’autres secteurs stratégiques.
Un cadre d’accord en construction
Lors d’un déplacement récent en Russie, le ministre centrafricain du Commerce et de l’Industrie, Thierry Patrick Akoloza, a évoqué les discussions en cours pour établir une nouvelle série d’accords bilatéraux. Aucun texte n’a encore été paraphé, mais les deux parties affirment être parvenues à une entente sur les principes directeurs des futures collaborations. Des équipes techniques seront mobilisées pour transformer ces bases en projets concrets, dont les signatures pourraient s’échelonner dans le temps, sans calendrier strict.
L’approche privilégiée repose sur un dialogue prolongé entre experts russes et centrafricains. Cette méthode, bien que lente, permet de consolider des partenariats dans des domaines jugés prioritaires pour la RCA, notamment les ressources minières, l’agriculture et l’industrie pharmaceutique. Des secteurs qui, selon Bangui, peuvent bénéficier du savoir-faire technique russe et d’un appui logistique durable.
Des ambitions économiques orientées vers des secteurs clés
La RCA, confrontée à des défis structurels internes, cherche à diversifier ses leviers de croissance. Dans ce contexte, le secteur minier reste un atout important, mais souvent sous-exploité. L’expertise géologique et extractive de la Russie pourrait jouer un rôle dans la mise en valeur de ces ressources, notamment en matière de formation, de technologies d’extraction ou d’accès aux marchés internationaux.
Le domaine agricole, tout aussi stratégique, suscite également l’intérêt. Le pays dépend encore largement des importations pour assurer sa sécurité alimentaire, et des projets russo-centrafricains pourraient viser à améliorer les infrastructures, les semences ou la mécanisation des exploitations. Enfin, l’industrie pharmaceutique représente un axe de développement encore émergent, dans lequel la Russie pourrait apporter son soutien, à travers la mise en place de chaînes de production locale ou de partenariats dans le domaine des médicaments génériques.
Une relation qui se structure par étapes
Ce nouvel épisode dans les relations entre Moscou et Bangui s’inscrit dans une dynamique d’approfondissement gradué, au-delà des précédents accords liés à la sécurité. Alors que la Russie multiplie les partenariats sur le continent africain – que ce soit au Mali, au Soudan ou au Burkina Faso – la RCA semble vouloir élargir le spectre de sa coopération en y intégrant des éléments économiques plus structurants.
Le ministre centrafricain a insisté sur le caractère exploratoire de cette visite, précisant qu’il s’agissait avant tout de poser les jalons d’une coopération élargie. En s’appuyant sur des relations politiques déjà consolidées, les deux États semblent désormais vouloir bâtir un partenariat économique capable d’apporter des bénéfices tangibles à la population centrafricaine, tout en répondant aux objectifs géostratégiques de la Russie en Afrique.
Ce type de coopération pourrait contribuer à redéfinir les équilibres régionaux, à condition que les promesses évoquées soient suivies d’actes concrets et durables.



