L’administration Trump avait provoqué une onde de choc en renvoyant des dizaines de migrants vers le Salvador. Prétendant agir au nom de la sécurité nationale, elle les avait transférés vers la prison CECOT, sans procès ni preuves concrètes, au mépris d’ordres judiciaires. Ces individus, majoritairement vénézuéliens, avaient été détenus dans des conditions sévèrement critiquées par des organisations de défense des droits humains. Ce précédent, largement dénoncé sur la scène internationale, laissait présager de nouvelles méthodes expéditives dans la gestion migratoire des États-Unis.
Une expulsion inattendue vers l’Eswatini
Cette fois, c’est vers l’Afrique australe que l’exécutif américain a tourné son attention. Le 15 juillet, cinq ressortissants étrangers ont été contraints de quitter les États-Unis à bord d’un vol spécialement affrété à destination de l’Eswatini, un petit royaume enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. C’est ce qu’a publié l’administration sur son compte X (anciennement Twitter). Ce groupe se compose de cinq hommes venus d’horizons variés : Cuba, Laos, Vietnam, Jamaïque et Yémen. Tous avaient en commun un statut migratoire jugé irrégulier par Washington et des condamnations pénales.
Le choix de l’Eswatini comme terre d’accueil peut surprendre. Aucune des nationalités représentées ne correspond à ce pays d’arrivée. Si cette manœuvre soulève des questions éthiques et juridiques, elle s’explique en partie par le refus des pays d’origine de reprendre leurs ressortissants. En l’absence d’accords de rapatriement ou de coopération consulaire, les autorités américaines ont opté pour une destination tiers, créant une situation de relocalisation forcée sans véritable fondement diplomatique transparent.
Entre stratégie politique et vide juridique
La politique migratoire actuelle semble s’orienter vers une application agressive des lois existantes, même au prix d’arrangements peu conventionnels. En invoquant des cadres légaux anciens ou en contournant les mécanismes habituels de retour, l’administration Trump établit une nouvelle norme d’expulsions extraterritoriales qui confond responsabilité judiciaire et calcul géopolitique.
Ce renvoi vers l’Eswatini n’est pas un simple fait administratif : il marque une nouvelle étape dans une approche migratoire de plus en plus controversée. L’idée que des migrants, parfois détenus pour de simples délits, puissent être envoyés à l’autre bout du monde dans un pays sans aucun lien avec leur histoire personnelle, redéfinit les frontières du droit au retour, du respect des droits fondamentaux et de la souveraineté des États tiers. L’Eswatini, dont le système judiciaire est loin d’être outillé pour gérer ce type de transferts, se retrouve au cœur d’un dispositif international qu’il n’a ni initié ni véritablement accepté.
Cette opération soulève de nombreuses interrogations : quels engagements l’Eswatini a-t-il pris pour accepter ces migrants ? Quelles garanties les États-Unis ont-ils offertes ? Et surtout, cette méthode deviendra-t-elle un modèle pour d’autres expulsions à venir ? Les réponses se font attendre, mais une chose est sûre : ce déplacement forcé hors de tout cadre bilatéral classique constitue un précédent troublant dans la manière dont les États-Unis redessinent leur carte des expulsions.




Lorsque vous êtes divisés contre vous-meme, ainsi va-t-il. Nigeria dit non. eSwatini dit oui. Et pourtant les 2 nations appartiendraient à une même pseudo union Africaine.