Selon les estimations du Groupe d’action financière (GAFI), le blanchiment d’argent représente entre 2 % et 5 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit plus de 2 800 milliards d’euros chaque année. Un chiffre qui ne cesse de croître, notamment à l’heure de la digitalisation à outrance, ce qui participe à simplifier et accélérer le process.
Ce phénomène constitue un véritable fléau économique, alimentant les marchés parallèles, finançant la criminalité organisée et privant les États de ressources fiscales essentielles pour le financement des services publics et le bien-être des populations. Face à cette menace croissante, l’Algérie a décidé d’adopter une approche offensive et structurée pour lutter efficacement contre ce défi majeur.
Une législation renforcée pour une surveillance accrue
Une nouvelle initiative gouvernementale qui vise à moderniser et à renforcer les dispositifs existants de surveillance financière, tout en se conformant aux exigences internationales les plus strictes, a ainsi été annoncée. Le projet de loi présenté par le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaâ, devant l’Assemblée populaire nationale vise à totalement changer de paradigme et à faire entrer l’Algérie dans une toute nouvelle ère en la matière.
Dans le détail, ce nouveau projet de loi introduit des sanctions pénales et financières plus sévères pour les personnes qui sont reconnues coupables de telles pratiques. En outre, les forces de l’ordre et le parquet financier disposent d’un périmètre de surveillance largement étendu, afin de détecter plus rapidement les mouvements frauduleux.
ONG et associations, ciblées
Le texte de loi présenté au Parlement cible surtout les organisations non gouvernementales et les associations humanitaires. Ces dernières sont accusées détournées de leur mission première pour servir de véhicules aux transferts illicites. Par ailleurs, le Comité national de coordination se voit confier un rôle stratégique dans l’identification et l’évaluation des risques financiers au niveau national.
Le Registre national des bénéficiaires effectifs, autre outil utilisé
Parallèlement à cette réforme législative, l’Algérie a mis en œuvre un instrument technologique innovant : le Registre national des bénéficiaires effectifs. Ce site lancé en 2023 par le gouvernement exige des entreprises et des personnes morales une déclaration transparente et régulière de leurs structures de propriété. Cela permet notamment aux autorités de tracer les flux financiers jugés comme étant suspects.



