Aviation au Maghreb : le point de la concurrence

L’industrie aéronautique maghrébine connaît une période de transformation majeure. Royal Air Maroc (RAM) a des ambitions colossales : elle vise à quintupler son trafic passagers d’ici 2037, passant de 6 millions actuellement à 31 millions de voyageurs annuels, tout en élargissant son réseau de destinations de 99 à 130 points desservis mondialement.

Le secteur touristique représente un enjeu économique crucial dans la région, et l’approche de grands événements internationaux comme la Coupe du Monde FIFA 2030 au Maroc stimule considérablement ces projets d’expansion.

Une dynamique marocaine qui s’explique par une stratégie qui va à contre-courant de celle de sa principale concurrente. Alors que la compagnie marocaine déploie une politique d’expansion agressive, son homologue algérienne navigue dans des eaux plus troubles, confrontée à des obstacles structurels qui limitent sa croissance continentale.

L’offensive marocaine sur les marchés africains

La stratégie de RAM repose sur un plan de développement sans précédent, nécessitant un quadruplement de sa flotte actuelle pour atteindre 200 appareils d’ici quinze ans. Cet investissement colossal de 15 milliards de dollars vise à faire de Casablanca-Mohammed V une plateforme intercontinentale majeure, rivalisant avec les grands hubs mondiaux. L’intégration réussie dans l’alliance Oneworld et le positionnement comme deuxième transporteur africain renforcent cette ambition géostratégique.

La compagnie marocaine diversifie ses partenariats avec des constructeurs variés – Airbus, Boeing, Embraer et ATR – pour adapter sa flotte aux différents segments de marché. Parallèlement, l’expansion du réseau africain inclut des destinations stratégiques comme N’Djamena, Khartoum et Kigali, consolidant l’influence marocaine sur le continent.

Les obstacles structurels d’Air Algérie

La situation d’Air Algérie contraste fortement avec cette expansion. Isolée des grandes alliances internationales, la compagnie algérienne subit les conséquences de tensions diplomatiques régionales, notamment l’interdiction de survol malien qui complique ses opérations africaines. Cette isolation limite drastiquement ses possibilités de partenariats et de mutualisation des coûts, handicapant sa compétitivité face aux acteurs continentaux établis comme Ethiopian Airlines ou EgyptAir. Malgré la création prochaine de Domestic Airlines avec 16 ATR 72-600 pour le marché intérieur, Air Algérie reste tributaire du soutien étatique et des contraintes tarifaires imposées par les autorités nationales.

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