Les pays africains entament un virage décisif dans leur rapport aux entreprises étrangères opérant sur leur sol. De Bamako à Dakar, de Kinshasa à Bangui, une nouvelle dynamique est en marche : celle de la renégociation des contrats jugés déséquilibrés. Ce mouvement, à la fois économique et politique, vise à rééquilibrer des accords anciens ou inadaptés aux ambitions actuelles des États du continent.
Une vague continentale de réajustements
Au Mali, le différend entre l’État et le géant canadien Barrick Gold incarne l’ampleur de cette nouvelle approche. En conflit avec le gouvernement sur des questions fiscales et contractuelles, la société a vu trois tonnes d’or saisies par les autorités maliennes, et son complexe de Loulo-Gounkoto placé sous administration provisoire. La production a été suspendue début 2025, provoquant des pertes de revenus pour la firme et déclenchant une procédure d’arbitrage international. L’enjeu : faire appliquer le nouveau code minier du pays et recouvrer des montants estimés à plusieurs centaines de millions de dollars.
Ce bras de fer s’inscrit dans une stratégie plus large du Mali, qui entend reprendre le contrôle de ses ressources naturelles. Le pays a également contraint Resolute Mining à verser 80 millions de dollars pour régulariser sa situation. Parallèlement, les mines abandonnées de Morila et Yatela ont été récupérées par l’État, qui y déploie désormais une gestion publique.
En République démocratique du Congo, le gouvernement a obtenu début 2024 la renégociation d’un vaste accord signé avec un consortium chinois en 2008. La participation congolaise dans les coentreprises minières est passée de 32 % à 70 %, accompagnée d’un engagement d’investissements supplémentaires de 7 milliards de dollars dans les infrastructures.
En Centrafrique, les autorités ont révoqué en juin 2024 la licence d’exploitation d’une entreprise chinoise, accusée de violations contractuelles et fiscales. L’affaire illustre une exigence croissante de transparence et de respect des législations locales.
Le Sénégal renégocie un partenariat stratégique
En Afrique de l’Ouest, la logique de rééquilibrage ne concerne pas uniquement les ressources minières. Le Sénégal a récemment renégocié un contrat majeur avec la société saoudienne Acwa Power, concernant la construction de l’usine de dessalement de la Grande Côte. Ce projet, vital pour l’approvisionnement en eau potable du pays, a fait l’objet d’ajustements significatifs.
Le nouveau contrat prévoit une baisse du prix de l’eau dessalée, ramené à 389,8 FCFA le mètre cube contre 427 FCFA auparavant. L’effort budgétaire de l’État sénégalais est également allégé, avec une diminution des charges financières sur la période 2027–2029. En matière énergétique, la capacité de production solaire passe de 150 à 300 mégawatts-crête, couvrant entièrement les besoins de l’usine, tandis que l’électricité excédentaire sera vendue à la société nationale SENELEC.
Le président Bassirou Diomaye Faye a salué un « partenariat stratégique et gagnant-gagnant » entre le Sénégal et l’Arabie saoudite, soulignant que cet accord traduit une volonté de transparence, de maîtrise des coûts et d’optimisation du service public. La suppression des exonérations douanières et la réduction des frais d’exploitation, estimée à 3 milliards FCFA par an, renforcent encore la soutenabilité du projet.
Une nouvelle génération de rapports économiques
Ces renégociations, qu’elles concernent l’or, l’eau, ou le cuivre, traduisent une évolution profonde dans les rapports entre États africains et partenaires internationaux. Les gouvernements exigent désormais des contrats équilibrés, des conditions plus justes, et une participation accrue à la gestion de leurs ressources stratégiques.
Loin de marquer un rejet des investisseurs étrangers, cette dynamique vise à établir des partenariats plus équitables et mieux encadrés. Elle s’accompagne d’un recours croissant aux arbitrages internationaux, signe que les États entendent défendre leurs intérêts dans le respect du droit.
Ce mouvement, porté aussi bien par des gouvernements militaires que civils, esquisse les contours d’une nouvelle souveraineté économique. Une souveraineté qui, sans renoncer à l’ouverture, affirme avec clarté les droits des nations africaines à tirer pleinement profit de leurs ressources, de leurs infrastructures et de leurs capacités stratégiques.




Qu’en est il du Bénin ??? Qui sait comment le pétrole béninois est géré ??? Des dossiers explosifs qui vont conduire des gens devant la haute cour de justice.
Arrete ton kpakpatoyat là…au lieu d’être en train d’errer lunatiquement….tu penses rentrer au prochain voduns days ou pas?
Ne vous en faites pas, mon prochain rendez vous pour le Bénin serait pour assister à l’investiture du prochain président de l’opposition au Bénin.
En attendant, vous allez me subir ici.