Croissance au Maghreb : le point de la situation pour ce pays

Depuis le début des années 2000, le Maroc s’est engagé dans une transformation économique ambitieuse, portée par de vastes projets d’infrastructures, une diversification industrielle progressive et une ouverture croissante aux marchés internationaux. Cette évolution a permis d’amortir certains chocs, mais elle n’a pas entièrement résolu les déséquilibres profonds. Si le pays a su bâtir les bases d’une économie structurée, il peine encore à répondre aux besoins essentiels de sa population, notamment en matière d’emploi et d’équité sociale. La nouvelle note de conjoncture pour 2026, publiée par le Haut-Commissariat au Plan, confirme cette dualité entre ambition économique et réalité structurelle.

Un regain attendu, appuyé par les secteurs clés

La trajectoire du produit intérieur brut devrait s’orienter vers une croissance soutenue, estimée entre 4 % et 4,4 % pour les deux prochaines années. Ce redressement repose avant tout sur deux leviers : une amélioration des récoltes, après des campagnes agricoles difficiles, et la poursuite de projets industriels déjà amorcés dans les domaines stratégiques comme l’automobile, la chimie ou encore l’énergie. Les flux d’investissement, stimulés par les récentes réformes incitatives, enregistreraient une progression notable en 2025. Le volume global de ces investissements représenterait environ 31,6 % du produit intérieur brut. Pourtant, l’impact réel de ces apports financiers reste contenu : injecter massivement des ressources dans l’économie ne garantit pas automatiquement une hausse équivalente de la productivité. Le Maroc fait ici face à un défi d’efficacité, où la quantité d’investissements masque une rentabilité en recul.

Commerce extérieur sous tension, finances publiques sous contrôle

L’évolution des échanges extérieurs montre une autre fragilité. Les importations poursuivent leur course, dépassant le rythme des exportations et aggravant ainsi le déséquilibre de la balance commerciale, qui pourrait franchir le seuil des 20,1 % du PIB. Cette situation, persistante malgré les efforts de valorisation de la production locale, pèse sur les réserves et expose l’économie aux fluctuations mondiales. À l’inverse, les finances de l’État semblent se stabiliser. Les dernières projections évoquent une réduction du déficit public accompagnée d’un léger fléchissement du poids de la dette. Le déficit budgétaire attendu pour 2026 s’élèverait à 3,4 %, tandis que la dette publique totale serait ramenée à 78,9 % du produit intérieur brut. Cette tendance s’explique par une gestion plus rigoureuse des dépenses, mais elle ne doit pas masquer la difficulté à générer une croissance suffisamment inclusive pour réduire les inégalités.

Un marché du travail en décalage avec la dynamique économique

Malgré les signaux positifs sur le plan macroéconomique, l’emploi reste le maillon faible. Le pays crée encore trop peu d’opportunités par rapport aux attentes, notamment pour les jeunes et les diplômés. Cette situation génère un sentiment de frustration et nourrit un écart grandissant entre la performance économique affichée et le vécu quotidien de nombreux Marocains. Le développement ne pourra pleinement porter ses fruits que si cette croissance se traduit concrètement en débouchés professionnels et en conditions de vie améliorées.

Vers une croissance mieux distribuée

Le Maroc affiche une volonté claire de redynamiser son économie, et les projections à court terme témoignent d’un certain optimisme. Mais pour que cette relance dépasse le simple effet d’annonce, elle devra être accompagnée de réformes structurelles plus profondes. Repenser l’allocation des investissements, renforcer la compétitivité à l’export, et surtout répondre au déficit de débouchés sur le marché du travail seront les clés pour transformer une embellie conjoncturelle en progrès durable.

Laisser un commentaire