Alors que le mandat du Président Patrice Talon approche de son terme, la scène politique voit émerger un phénomène paradoxal : des individus affichent ouvertement leurs ambitions de candidature à la magistrature suprême, et ce, en dépit des réformes électorales rigoristes mises en place ces dernières années. Ces « micro-candidatures » posent la question de l’effectivité des verrous législatifs censés rationaliser le paysage politique et interrogent sur la persistance des aspirations individuelles face à un cadre institutionnel toujours plus contraignant. La fermeté des lois électorales au Bénin ne freine pas l’ardeur de certains individus qui, au lieu de se faire valoir au sein des formations politiques, annoncent à qui veut l’entendre, leur intention de candidature. En effet, depuis 2018, le Bénin a entrepris une série de réformes politiques et électorales majeures, voulues par le régime du président Patrice Talon. L’objectif affiché était de moraliser la vie publique, de renforcer les partis politiques en tant que véritables piliers de la démocratie, et de mettre fin à la prolifération de candidatures « fantaisistes » ou opportunistes qui caractérisaient les scrutins passés. Ces réformes ont notamment abouti à introduire le parrainage des candidats, la caution électorale plus élevée, l’appartenance partisane obligatoire. Ces mesures ont eu un impact immédiat et visible. Lors de l’élection présidentielle de 2021, le nombre de candidatures validées a été drastiquement réduit, ne laissant que très peu de choix aux électeurs et suscitant des débats. L’intention était de s’assurer que seuls les partis robustes et représentatifs puissent présenter des candidats crédibles et porteurs d’un véritable projet de société, soutenu par une formation politique régulièrement constituée. D’ailleurs, après l’expérience de 2021, la réforme a été davantage corsée avec le code électoral en vigueur actuellement et qui visiblement, n’admettra pas plus de trois voir maximum quatre candidats à la prochaine présidentielle de 2026.
Le phénomène des micro-candidatures, une ambition contre système
Malgré ce cadre rigide, l’approche de 2026 voit fleurir des annonces de candidatures émanant d’individus qui ne sont pas nécessairement des figures de proue des grands partis. Sur les réseaux sociaux, dans les médias locaux, ou lors de rencontres restreintes, des personnalités du monde des affaires, de la Société civile, ou d’anciens politiciens affichent des ambitions présidentielles. L’un d’eux veut compter sur Dieu pour avoir le parrainage, l’autre appelle à une fédération de forces. Plus discrets pour le moment, d’autres sillonnent hameaux et campagnes pour organiser de petites réunions et installer des comités opérationnels. Certains d’entre eux espèrent une revue des textes électoraux, les autres croient au miracle. Même s’il est difficile pour l’heure de trouver une raison fondée à ce phénomène de micro-candidatures, certains observateurs pensent que la présidence de la République reste le Graal politique. L’idée de servir le pays au plus haut niveau, ou la simple quête de pouvoir et de reconnaissance, pousse certains à se lancer, quelles que soient les contraintes. Pour d’autres, l’annonce d’une candidature, même si elle n’aboutit pas à une participation effective au scrutin, est une stratégie de positionnement. Elle permet de gagner en visibilité, de tester une certaine popularité, ou de se rendre indispensable en vue d’éventuels ralliements ou de futures fonctions politiques. Quelques-uns pourraient parier sur une décision de justice inattendue, ou une conjoncture politique favorable qui ouvrirait des portes insoupçonnées. Pour d’autres, il s’agit de montrer leur désaccord avec le système actuel, de dénoncer le verrouillage du champ politique, et d’incarner une forme de candidature de principe même si les chances de succès sont minces. Enfin, puisque les partis dominants sont perçus comme des structures fermées, où les candidatures pourraient être décidées au sommet sans réelle compétition interne, cela peut pousser des individualités à tenter leur chance en dehors du cadre partisan.
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