Électricité en Afrique : Dangote appelle à un sursaut

Face aux faiblesses persistantes du système électrique nigérian, le milliardaire Aliko Dangote a lancé un appel direct aux entrepreneurs du pays. Selon lui, il est temps que les acteurs privés assument une plus grande responsabilité dans le développement énergétique du Nigeria, un secteur qu’il juge largement sous-exploité.

Le constat est alarmant. Le Nigeria, première économie d’Afrique, peine à produire une quantité d’électricité à la hauteur de ses ambitions. Pour un pays de plus de 200 millions d’habitants, les capacités installées restent bien en deçà des besoins réels. Ce déficit impacte directement la croissance économique, limite l’industrialisation et freine l’amélioration des conditions de vie.

Lors d’une visite à sa méga-raffinerie de Lagos, Aliko Dangote a souligné un paradoxe. Ses propres entreprises génèrent à elles seules plus de 1 500 mégawatts, uniquement pour leurs opérations industrielles. Ce volume représente environ un tiers de l’électricité réellement disponible dans l’ensemble du pays. Une situation qui, selon lui, révèle l’incapacité des politiques publiques à offrir des solutions pérennes, malgré la privatisation officielle du secteur.

Pour l’homme le plus riche d’Afrique, son pays ne devrait pas viser moins de 50 000 à 60 000 mégawatts de production, seuil nécessaire pour accompagner une économie de cette taille. En l’absence de progrès significatifs dans cette direction, Dangote en appelle aux autres chefs d’entreprise pour combler le vide. Il invite ainsi les investisseurs nigérians à réorienter leur capital vers des projets énergétiques locaux, plutôt que de les faire sortir du pays.

Selon lui, l’une des principales raisons du blocage est la fuite des capitaux combinée à un manque d’incitations claires. Bien que le secteur soit théoriquement ouvert à l’initiative privée, les résultats sur le terrain sont maigres. Le désintérêt des investisseurs nationaux, parfois découragés par la complexité du cadre réglementaire, ralentit le développement d’un écosystème électrique robuste.

En prenant l’exemple de son propre groupe, Dangote démontre qu’il est possible de produire de l’électricité localement, à grande échelle, pour soutenir des activités industrielles ambitieuses. Il suggère que ce modèle soit élargi, afin que d’autres entreprises puissent participer à la transformation énergétique du Nigeria.

L’appel lancé par Dangote résonne comme une mise en garde. L’avenir du secteur énergétique ne peut plus reposer uniquement sur l’État. Il dépend désormais de la volonté collective des investisseurs privés à miser sur le long terme, et à faire de l’énergie un levier pour le développement du pays.

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