Enquête française sur X : les États-Unis s'en prennent à la justice

Washington et Paris se trouvent une nouvelle fois au cœur d’un différend transatlantique, cette fois autour de la liberté d’expression et de la régulation des plateformes numériques. Vendredi 25 juillet, le département d’État américain a fermement critiqué l’ouverture d’une enquête pénale par la justice française visant le réseau social X, propriété d’Elon Musk, soupçonné d’ingérence étrangère.

Une enquête française qui irrite Washington

Selon les autorités américaines, un magistrat français aurait requis des informations sensibles sur le fonctionnement de l’algorithme du réseau social, tout en qualifiant X de « groupe criminel organisé ». Pour Washington, cette démarche représente une entrave directe à la liberté d’expression. Le Bureau des droits humains, de la démocratie et du travail – une division du département d’État – a exprimé ses inquiétudes sur X, en mettant en garde contre ce qu’il qualifie d’« actes de censure étrangère ».

Cette prise de position publique n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans un climat plus large de méfiance des autorités américaines à l’égard des régulations numériques européennes, perçues comme de potentielles menaces aux principes fondamentaux du Premier amendement, notamment lorsque des entreprises américaines sont visées.

Le gouvernement Trump défend ses plateformes

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025, l’administration américaine multiplie les interventions publiques en faveur de ce qu’elle considère comme la préservation des espaces d’expression libres. Le président, son vice-président J.D. Vance, ainsi que le secrétaire d’État Marco Rubio ont à plusieurs reprises exprimé leur opposition aux politiques de l’Union européenne en matière de régulation numérique.

En s’attaquant à une procédure judiciaire spécifique en France, les États-Unis franchissent cependant un seuil diplomatique inhabituel : celui de critiquer ouvertement un acteur judiciaire étranger. Le qualificatif de « procureur militant » employé par Washington pour désigner le magistrat français chargé du dossier témoigne d’une tension croissante entre deux visions de la régulation numérique et des libertés fondamentales.

Une affaire révélatrice des divergences transatlantiques

Au-delà de ce cas précis, l’affaire souligne les fractures persistantes entre les États-Unis et l’Europe sur le contrôle des grandes plateformes numériques. Tandis que Bruxelles renforce son arsenal législatif avec le Digital Services Act et le Digital Markets Act, les autorités américaines, sous l’impulsion de l’administration Trump, privilégient une approche plus libérale, considérant que toute restriction imposée aux réseaux sociaux pourrait porter atteinte à la liberté d’expression des citoyens et des entreprises américaines.

Cette opposition de principes s’inscrit aussi dans un contexte géopolitique plus large, où les grandes entreprises technologiques – dont plusieurs sont aujourd’hui dirigées par des figures controversées comme Elon Musk – deviennent des enjeux de souveraineté numérique. Pour la France, l’enquête ouverte vise à déterminer si certaines pratiques sur la plateforme X ont pu interférer avec le débat public ou les institutions démocratiques nationales.

Laisser un commentaire