Europe : la Chine contre-attaque sur le plan commercial

(Li Xueren | Xinhua News Agency | Getty Images)

La confrontation économique entre la Chine et l’Union européenne franchit un nouveau cap. Pékin a décidé d’imposer, à partir du 5 juillet, des droits antidumping sur les importations de brandy en provenance d’Europe. Cette mesure vise notamment le cognac français, produit phare de l’exportation viticole, et intervient dans un climat commercial de plus en plus tendu.

Un rapport de force commercial qui se durcit

Les échanges économiques entre la Chine et l’Europe, jadis marqués par la complémentarité, sont aujourd’hui dominés par la méfiance. Depuis plusieurs mois, l’Union européenne multiplie les enquêtes sur les pratiques industrielles chinoises, dénonçant des subventions jugées excessives, notamment dans le secteur des véhicules électriques. En réponse, Pékin choisit une contre-offensive ciblée, en s’attaquant à des produits européens à forte valeur symbolique.

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Le choix du brandy, et plus spécifiquement du cognac, n’est pas anodin. La Chine représente environ 25 % des débouchés à l’exportation de cette eau-de-vie française. En s’attaquant à ce segment précis, les autorités chinoises utilisent un levier qui frappe au cœur une filière emblématique et prospère. Pour la France, les répercussions se font déjà sentir, avec des pertes estimées à près de 50 millions d’euros par mois selon les professionnels du secteur.

Des taux variables, des impacts inégaux

La taxe décidée par Pékin cible le brandy conditionné dans des contenants de moins de 200 litres, c’est-à-dire les produits destinés au commerce de détail. Mais tous les producteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Le ministère chinois du Commerce a fixé des droits allant jusqu’à 34,9 % pour Hennessy, 34,3 % pour Rémy Martin, et 27,7 % pour Martell. Ces grands noms du cognac voient ainsi leur compétitivité sérieusement mise à mal sur un marché stratégique.

D’autres acteurs du secteur pourraient cependant être partiellement épargnés ou soumis à des taux moins sévères, ce qui révèle une volonté de diviser le camp européen tout en maintenant certains canaux commerciaux ouverts. Cette approche différenciée illustre une stratégie bien rodée : punir les plus visibles pour envoyer un message, sans totalement fermer la porte aux échanges.

Cognac contre voitures : un bras de fer structurant

La décision de la Chine s’inscrit dans une dynamique d’escalade commerciale. En sanctionnant le cognac, Pékin répond à la procédure lancée par Bruxelles contre les subventions aux constructeurs chinois de véhicules électriques. Ce jeu de représailles ciblées transforme des produits phares de chaque camp en instruments de pression politique.

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L’impact dépasse les seules entreprises visées. Toute la chaîne de valeur du cognac, de la vigne aux transporteurs, se trouve exposée à une instabilité imprévisible. Les exportateurs européens doivent désormais composer avec un climat commercial volatile, où chaque décision politique peut se traduire par des pertes concrètes. Du côté chinois, cette stratégie renforce le message : toute mesure hostile aura son revers, même sur des produits jugés hors du champ industriel traditionnel.

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