Europe : la Chine prend la défense de la Russie

Depuis plusieurs années, les relations entre Moscou et Pékin se sont densifiées, nourries par une convergence d’intérêts stratégiques, économiques et diplomatiques. Tandis que la Russie cherche à compenser son isolement croissant sur la scène occidentale, la Chine y voit l’opportunité de renforcer son influence et d’asseoir son rôle dans la redéfinition des équilibres mondiaux. Cette coopération, longtemps discrète, a pris une tournure plus visible depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, avec une multiplication des échanges commerciaux, des investissements croisés et une coordination diplomatique plus affirmée.

Pékin dénonce une décision unilatérale

Vendredi, la dernière salve de sanctions adoptée par l’Union européenne contre Moscou a provoqué une réaction cinglante de la Chine. En cause : l’ajout de deux institutions financières chinoises à la liste des entités visées par les mesures européennes. Lors d’un échange direct le mardi avec le commissaire européen Maros Sefcovic, le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, a exprimé un profond désaccord, évoquant des démarches officielles pour contester cet ajout à la liste. Selon Pékin, il s’agit d’un acte de pression politique injustifié, visant indirectement à contenir son autonomie économique.

Ce geste européen marque un durcissement dans l’approche de Bruxelles, qui cherche à freiner les réseaux de soutien jugés indirects au régime de Vladimir Poutine. Mais du point de vue chinois, cette initiative est perçue comme une extension excessive des sanctions, qui risque d’éroder davantage la confiance mutuelle avec l’Europe.

Pékin contre les procès d’intention

Les autorités européennes avancent que les liens renforcés entre la Chine et la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine ont permis à Moscou d’atténuer les effets économiques des sanctions occidentales. Pékin aurait, selon cette lecture, facilité certaines transactions ou fourni un soutien discret à l’économie russe.

Mais pour la Chine, ces accusations relèvent de la surinterprétation. Elle conteste toute forme de participation à l’effort de guerre russe et rejette l’idée qu’un partenariat économique puisse être assimilé à une complicité. Les dirigeants chinois défendent un commerce régulé, conforme aux règles internationales, et affirment que leurs entreprises ne doivent pas devenir les victimes collatérales d’un conflit auquel elles ne prennent pas part.

Une ligne de fracture entre partenaires économiques

Cet épisode révèle l’émergence d’une fracture politique entre deux blocs économiques interdépendants. D’un côté, l’Union européenne cherche à affiner son dispositif de pression contre la Russie en s’attaquant aux relais extérieurs de son économie. De l’autre, la Chine défend farouchement la liberté de ses entreprises et voit dans cette mesure un précédent dangereux.

Au-delà de la question des sanctions, cette tension montre un malaise plus profond dans les rapports sino-européens, pris en étau entre coopération commerciale et divergences géopolitiques. Si les frictions se multiplient, elles posent un défi à l’équilibre fragile entre dialogue et confrontation. Pour Pékin, se porter au secours de ses banques n’est pas seulement une réaction technique : c’est un signal politique clair que sa marge d’autonomie ne sera pas dictée par Bruxelles.

1 réflexion au sujet de « Europe : la Chine prend la défense de la Russie »

  1. « la dernière salve de sanctions adoptée par l’Union européenne contre Moscou a provoqué une réaction cinglante de la Chine. »

    Ces européens n’ont pas encore compris que ces sanctions ILLEGALES vont les discréditer totalement. A terme, Les BRICS ne voudront plus entendre parler de ces voyous. Et comme ce sont les BRICS qui ont les matières premières … et les industries …

    Répondre

Laisser un commentaire