Europe : la Chine riposte une nouvelle fois

(Li Xueren | Xinhua News Agency | Getty Images)

Depuis plusieurs mois, les tensions commerciales entre l’Union européenne et la Chine se sont intensifiées autour de multiples secteurs stratégiques, révélant des désaccords profonds sur les pratiques industrielles et les règles du commerce international. Accusée de soutenir délibérément ses géants industriels dans les domaines de l’automobile électrique, des technologies vertes ou encore de la santé, Pékin fait face à une série de mesures prises par Bruxelles, allant d’enquêtes anti-subventions à des droits de douane renforcés. En retour, la Chine a dénoncé à plusieurs reprises ce qu’elle considère comme des politiques discriminatoires ciblant ses entreprises. Ce climat tendu s’est progressivement cristallisé autour des marchés publics et de l’accès aux appels d’offres, où chaque partie cherche à défendre ses intérêts économiques tout en répondant aux actions de l’autre par des restrictions équivalentes.

La riposte chinoise sur les marchés publics de santé

C’est désormais au secteur médical que la querelle s’étend. Pékin a annoncé ce dimanche 6 juillet que les entreprises européennes seront exclues des grandes commandes publiques de dispositifs médicaux sur son territoire, sauf si elles disposent de filiales localement implantées. Cette mesure concerne toutes les acquisitions d’un montant supérieur à 45 millions de yuans, soit environ 5,3 millions d’euros. Autrement dit, seuls les acteurs disposant déjà d’une base opérationnelle en Chine pourraient continuer à accéder à ces opportunités commerciales.

Publicité

Selon le ministère chinois des Finances, cette décision est une réponse directe à l’initiative de la Commission européenne qui, le 20 juin dernier, avait introduit des restrictions sur les entreprises chinoises participant aux marchés publics européens dans ce même secteur. Bruxelles avait alors justifié cette limitation en accusant la Chine de bloquer l’accès de ses propres entreprises aux marchés de dispositifs médicaux chinois. En verrouillant l’entrée des groupes européens à ses appels d’offres les plus conséquents, Pékin cherche donc à rétablir ce qu’elle qualifie de symétrie, tout en exerçant une pression politique et économique.

Un conflit à plusieurs niveaux

Au-delà du domaine médical, cette dernière salve s’ajoute à une série de mesures reflétant une dégradation continue du climat économique entre les deux puissances. L’Europe a durci ses règles contre les importations de voitures électriques subventionnées venues de Chine, tout en exprimant son inquiétude face à la montée en puissance industrielle du pays dans des domaines jugés sensibles. En réaction, Pékin ne se contente plus de dénoncer ces démarches : elle les accompagne désormais de contre-mesures concrètes. Comme un jeu d’échecs commercial, chaque pièce avancée par l’un entraîne une riposte calculée de l’autre.

Cette dynamique donne le sentiment que les échanges bilatéraux ne sont plus simplement soumis aux règles de marché, mais sont devenus des leviers d’influence. À mesure que les sanctions croisées se multiplient, les entreprises européennes implantées en Chine doivent repenser leur stratégie, tandis que les PME sans implantation locale pourraient se retrouver totalement écartées de secteurs entiers. Le seuil de 5 millions d’euros fixé par la Chine agit ainsi comme un filtre redoutable, fermant la porte à nombre de soumissionnaires européens dans les appels d’offres à haute valeur.

Une relation en recomposition

Ce nouvel épisode confirme une tendance de fond : la redéfinition progressive des relations économiques entre la Chine et l’Union européenne sous le prisme de la réciprocité défensive. Là où prévalait autrefois une logique d’ouverture progressive, l’heure est à la restriction sélective, voire à la fragmentation des échanges dans certains secteurs clés. La médecine, qui semblait jusqu’ici moins exposée, devient à son tour un champ de confrontation.

Publicité

À travers ce bras de fer, chaque bloc envoie un message politique autant qu’économique : défendre ses intérêts nationaux, renforcer son autonomie stratégique et montrer sa capacité à répondre coup pour coup. Cette posture pourrait toutefois freiner les projets de coopération transcontinentale et renforcer l’incertitude pour les acteurs du commerce international. Pour les entreprises, le risque n’est plus seulement commercial ; il est devenu géopolitique.

Une réponse

  1. Avatar de BLOB
    BLOB

    Pendant que l’Occident périclitait, la Chine est redevenue une puissance de premier plan. Prendre les Chinois pour les sous-développés qu’ils étaient à la sortie du communisme (économique) est une erreur que l’UE continue à faire !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité