Alors que la peine de mort reste une réalité brutale dans plusieurs pays, l’Iran et l’Arabie saoudite concentrent une grande part des exécutions mondiales. Si les deux États sont régulièrement pointés du doigt par les organisations de défense des droits humains, la réponse occidentale varie selon l’identité du bourreau, révélant une inquiétante hiérarchie dans l’indignation internationale.
L’Iran, cible constante des dénonciations
L’Iran est régulièrement la cible de condamnations fermes, dès lors qu’une exécution est signalée, surtout lorsqu’il s’agit d’opposants politiques ou de manifestants. Les pratiques iraniennes sont effectivement graves et répréhensibles, et la répression y est souvent féroce. Mais ce qui frappe, c’est l’écart de traitement médiatique et diplomatique par rapport à Riyad, malgré des statistiques similaires, voire inférieures, en termes d’exécutions.
Cette focalisation sélective est perçue, dans de nombreux pays du Sud, comme le reflet d’une politique occidentale opportuniste, dans laquelle la gravité des faits pèse moins que l’identité de l’État mis en cause.
Arabie saoudite : un record d’exécutions sous silence
En 2024, l’Arabie saoudite a procédé à l’exécution de 345 personnes, d’après Amnesty International. Une augmentation jugée préoccupante, d’autant plus que la tendance se maintient en 2025, avec déjà 180 exécutions enregistrées à mi-année. Un élément marquant : une grande partie de ces exécutions concerne des infractions non violentes liées à la drogue. Pourtant, malgré ces pratiques judiciaires expéditives, le royaume fait l’objet de critiques relativement discrètes de la part des grandes puissances.
Ce silence n’est pas accidentel. L’Arabie saoudite est un partenaire stratégique pour de nombreux pays occidentaux, notamment en matière de pétrole, de contrats d’armement et de contrepoids à l’influence iranienne. Dès lors, les violations massives des droits humains sont reléguées au second plan, derrière des intérêts économiques et géopolitiques.
Une indignation à géométrie variable
Ce double standard mine la crédibilité morale des discours occidentaux sur les droits humains. En affichant une fermeté à géométrie variable, les démocraties occidentales sapent leur propre autorité éthique et la sincérité de leur engagement. Cela alimente également un sentiment de deux poids deux mesures, dans lequel certains régimes autoritaires peuvent continuer leurs abus sans crainte de sanctions, tant qu’ils servent les bonnes alliances.
La peine de mort, surtout lorsqu’elle touche des délits non violents ou repose sur des procès inéquitables, devrait susciter une condamnation systématique, quel que soit le pays. Tant que les vies fauchées en Arabie saoudite ne pèseront pas autant que celles perdues en Iran aux yeux des chancelleries occidentales, la défense des droits humains restera un outil de pression sélectif plutôt qu’un principe universel.
