Dans l’économie marocaine, le tourisme ne joue pas seulement un rôle de levier ; il est un baromètre national, un thermomètre du dynamisme économique. Alors que les politiques publiques ont longtemps misé sur cette industrie pour renforcer les recettes extérieures et l’emploi local, les données enregistrées à fin mai 2025 révèlent un regain d’énergie qui dépasse les simples effets de saison. Le pays, riche de sa diversité culturelle et géographique, semble avoir retrouvé un rythme soutenu dans l’accueil de visiteurs, confirmant son attractivité auprès d’un public aussi bien local qu’international.
Marrakech, Tanger, Casablanca : les locomotives de la croissance
Les villes marocaines continuent de jouer leur partition avec brio, chacune attirant un profil de visiteur bien distinct. Marrakech, emblème du tourisme culturel et haut de gamme, reste un pilier incontournable, tandis que Tanger (+24%) confirme son essor fulgurant, profitant de sa position stratégique et de ses investissements en infrastructures. Casablanca, souvent perçue comme une capitale économique plus discrète en matière de tourisme, affiche néanmoins une croissance significative de 20 %, illustrant un intérêt croissant pour les séjours urbains et les escapades d’affaires.
Des destinations comme Fès (+19 %), Essaouira (+16 %), Al Haouz (+14 %) ou encore Agadir (+10 %) démontrent que l’attrait touristique se diffuse au-delà des circuits classiques. Ces résultats traduisent une meilleure répartition géographique des flux, qui évite la saturation de certaines zones tout en stimulant le développement économique local. Même les zones rurales ou de moyenne montagne comme Al Haouz semblent tirer parti de ce regain d’intérêt pour le tourisme vert et les expériences authentiques.
Un tourisme porté par les voyageurs étrangers, mais pas uniquement
Avec plus de 7,2 millions de touristes accueillis aux postes frontières depuis le début de l’année, soit une progression de 22 %, le Maroc confirme son pouvoir d’attraction à l’international. Ce chiffre est d’autant plus remarquable qu’il ne se limite pas à une simple reprise post-Covid ; il dépasse les seuils déjà élevés atteints avant la crise sanitaire, traduisant une confiance renouvelée des voyageurs étrangers dans la destination.
Mais le tourisme domestique n’est pas en reste. Il contribue pour une part non négligeable aux 11,88 millions de nuitées enregistrées dans les établissements classés, avec une hausse de 5 % des nuitées réalisées par les nationaux. Cette dynamique interne révèle une appropriation croissante de l’offre touristique par les Marocains eux-mêmes, qui semblent redécouvrir leur pays à travers des séjours plus fréquents et plus variés. En parallèle, la progression de 17 % des nuitées internationales souligne une demande étrangère toujours plus soutenue, alimentée par des campagnes de promotion ciblées et une amélioration continue de la qualité des services.
Des recettes en devises à la hauteur des ambitions
L’efficacité du secteur se mesure aussi en termes de devises. Sur les cinq premiers mois de 2025, les recettes générées par les non-résidents se sont établies à plus de 45,12 milliards de dirhams, soit une progression de 8,5 % par rapport à la même période de 2024. Ce chiffre vient consolider les efforts déployés pour faire du tourisme un moteur stable et prévisible pour l’économie nationale. Il confirme aussi que les touristes dépensent davantage, sans doute attirés par une offre enrichie : hôtels réhabilités, expériences personnalisées, tourisme expérientiel ou circuits thématiques plus diversifiés.
Le Maroc, en diversifiant ses produits touristiques et en améliorant son maillage territorial, parvient à capter une clientèle plus large, avec des séjours qui gagnent en durée et en valeur. Il ne s’agit donc pas seulement de remplir les chambres d’hôtels, mais bien d’installer une industrie pérenne, ancrée dans les territoires et capable d’absorber les chocs conjoncturels.



