Maghreb: Des réserves d’or cachées ? Ce cristal pourrait tout changer

Dans l’immensité aride du Hoggar, le désert algérien dissimule des secrets que la science moderne commence tout juste à révéler. Alors que les ressources minières sont depuis longtemps considérées comme des piliers potentiels du développement économique du pays, une nouvelle découverte géologique pourrait transformer les perspectives aurifères de la région. Et cette fois, ce n’est ni le quartz ni les sulfures qui font parler d’eux, mais un minéral discret : la tourmaline.

Une piste minérale aux couleurs de l’or

Souvent admirée pour sa beauté en joaillerie, la tourmaline, et plus précisément sa variété appelée Schorl, est aujourd’hui au cœur d’un tournant scientifique majeur. Ce cristal noir, riche en fer, a été identifié dans plusieurs échantillons rocheux prélevés dans le massif du Hoggar, à des points stratégiques comme Assouf Mellen, Seldrar ou Idreksi. Ces zones, localisées autour d’une faille géologique ancienne baptisée zone de cisaillement d’Iskel, remontent à une période comprise entre 540 et 800 millions d’années, au moment de la formation des premiers grands reliefs du continent africain.

À l’instar d’un guide invisible, cette tourmaline semble pointer vers la présence d’or. Grâce à une série d’analyses chimiques menées par une équipe de géologues algériens dirigée par la Dr. Ismahen Chaouche, du département de géologie de l’Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene, les chercheurs ont mis en évidence une corrélation entre le fer contenu dans le Schorl et des indices aurifères. Ces résultats apportent une confirmation locale à des recherches similaires réalisées au Canada, au Brésil, en Chine, au Burkina Faso ou encore au Cameroun, où la tourmaline est déjà utilisée comme marqueur de gisements aurifères.

Le Hoggar : un laboratoire à ciel ouvert

Le désert du Hoggar n’est pas qu’une étendue de sable et de roches : c’est un véritable livre géologique dont chaque strate raconte une époque. Les zones explorées par l’équipe algérienne se situent au croisement d’anciennes tensions tectoniques, là où les plaques continentales ont jadis convergé pour donner naissance à des montagnes et des fractures profondes. Ces mouvements ont laissé des traces dans la roche, et notamment dans la composition des minéraux comme la tourmaline, devenue une mémoire cristalline des phénomènes souterrains passés.

Grâce à des outils d’analyse de pointe comme le microscope électronique ou la spectroscopie, les chercheurs ont pu détecter des variations chimiques infimes dans les cristaux, permettant de lire entre les couches de temps et de matière. Cette précision ouvre la voie à une méthode de prospection moins invasive et plus ciblée, fondée sur la minéralogie plutôt que sur le forage massif ou l’intuition géologique.

Une opportunité stratégique pour l’Algérie

Alors que l’Algérie cherche à diversifier ses sources de revenus au-delà des hydrocarbures, les ressources minières représentent un levier encore sous-exploité. Si la découverte autour de la tourmaline se confirme à grande échelle, elle pourrait modifier les priorités d’exploration et attirer de nouveaux investissements dans le sud du pays. Plus encore, cette approche permettrait d’économiser des moyens en ciblant des zones à fort potentiel grâce à des indicateurs fiables, comme le Schorl, au lieu de multiplier les campagnes de forage hasardeuses.

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