Maghreb: l’armée d'un pays monte en gamme

Depuis plusieurs années, le Maroc investit massivement dans des équipements militaires sophistiqués, multipliant les contrats avec des partenaires stratégiques tels que les États-Unis et Israël. Cette transformation en profondeur des capacités de défense répond autant à des impératifs géopolitiques régionaux qu’à la volonté de disposer d’un outil militaire performant, capable de couvrir un large éventail d’opérations, de la surveillance à la riposte armée.

Parmi les acquisitions phares récentes, les hélicoptères AH-64 Apache, livrés en mars dernier, incarnent un changement d’échelle pour les Forces armées royales. Ce modèle, connu pour sa capacité à appuyer les troupes au sol tout en opérant dans des environnements complexes, renforce considérablement la manœuvrabilité de l’armée marocaine. Mais le Maroc ne mise pas uniquement sur la mobilité aérienne : il s’est aussi doté de drones Bayraktar TB2 et Akinci, capables d’assurer des missions de reconnaissance, de ciblage et de frappe à longue distance.

Ces drones, déjà utilisés dans d’autres théâtres d’opérations, comme en Libye ou au Haut-Karabakh, permettent à Rabat d’élargir ses capacités de surveillance au-delà de ses frontières et de développer une forme de dissuasion technologique. Leur intégration dans l’appareil militaire marque un tournant : la guerre de l’information, la détection précoce des menaces et la neutralisation rapide deviennent des priorités au même titre que la défense territoriale.

Une logique de précision et de couverture stratégique

Contrairement à certaines doctrines militaires régionales qui misent encore sur la quantité, le Maroc privilégie la précision. L’acquisition d’avions de chasse F-16 Block 70/72, en cours de livraison pour 2027, illustre cette logique. Ces appareils, équipés du radar AESA APG-83, peuvent repérer et engager des cibles à plus de 500 kilomètres, dans les airs comme au sol. Ils sont conçus pour mener des frappes chirurgicales tout en minimisant les dommages collatéraux, un atout décisif dans un environnement géopolitique tendu.

En parallèle, l’achat de l’obusier Atmos 2000, développé par Israël, renforce la puissance d’artillerie de l’armée marocaine. Cet équipement de 155 mm, mobile et d’une portée de 41 kilomètres, permet de couvrir des zones difficiles d’accès, tout en conservant une grande réactivité. Combiné aux systèmes aériens de reconnaissance, il peut intervenir avec précision sur des positions hostiles identifiées en temps réel.

Un face-à-face armé avec l’Algérie

Cette montée en puissance n’est pas isolée. Elle fait écho à l’évolution similaire de l’arsenal militaire algérien, avec lequel le Maroc entretient une rivalité historique. Chaque nouvel achat d’un côté est souvent interprété comme une réponse directe à une acquisition récente de l’autre. L’augmentation des budgets de défense, observée des deux côtés de la frontière, reflète cette compétition silencieuse où l’équilibre stratégique repose sur des choix technologiques de plus en plus élaborés.

Le recours à des fournisseurs diversifiés, la combinaison de systèmes offensifs et défensifs, et l’adaptation à la guerre moderne marquent une rupture avec les approches conventionnelles du passé. Le Maroc ne se contente plus de suivre la tendance : il cherche à créer un système intégré, capable de fonctionner de manière autonome, interopérable et coordonnée à différents niveaux de commandement.

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