Le conflit ukrainien a profondément bouleversé la géopolitique énergétique européenne, contraignant les États membres à diversifier leurs sources d’approvisionnement face au boycott des hydrocarbures russes. Cette reconfiguration forcée des flux énergétiques a propulsé les pays du Maghreb au premier plan des stratégies de substitution.
Si l’Algérie s’est imposée comme une alternative gazière privilégiée, le Maroc développe une position stratégique unique dans le secteur pétrolier, transformant progressivement sa géographie en avantage commercial. Les volumes d’importation espagnole de diesel marocain ont atteint des niveaux record entre mars et avril 2025. Selon les derniers chiffres, ce sont 123 000 tonnes qui ont été acheminées par Madrid.
Soupçons et opacité des circuits d’approvisionnement
Une hausse très importante, qui suscite toutefois quelques interrogations. En effet, certains analystes évoquent la possibilité d’un contournement des sanctions occidentales par le biais de circuits de reroutage via le territoire marocain. Mais d’où viendrait ce pétrole ? Certains évoquent la Russie.
Une hypothèse que les autorités marocaines réfutent totalement. Pour se justifier, celles-ci ont d’ailleurs rappelé que leurs importations russes n’ont jamais excédé 10% du total national depuis 2020. Malgré tout, certains pays européens seraient prêts à fermer les yeux sur cet éventuel re-routage.
Pour ces derniers, l’approvisionnement est plus important. Des actions « cachées » qui dénotent avec les discours officiels. En effet, Bruxelles souhaite continuer à accentuer la pression sur Moscou et n’envisage pas un seul instant de lever ses sanctions.
Consolidation du hub énergétique marocain
Au-delà des polémiques, le Maroc capitalise sur sa position géographique pour développer une stratégie énergétique cohérente. L’augmentation de 50% des importations de gaz naturel espagnol en février 2025, atteignant 700 GWh via le gazoduc Maghreb-Europe, témoigne de cette montée en puissance.
Cette dynamique bidirectionnelle, combinant importations et réexportations, positionne le Royaume comme un véritable pivot énergétique régional, capable d’optimiser les flux selon les opportunités du marché tout en respectant le cadre juridique international.
