Face à la domination écrasante de la Chine sur le marché mondial des terres rares, l’Inde accélère ses partenariats avec les pays africains afin de sécuriser l’accès à ces ressources stratégiques. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large de New Delhi visant à diversifier ses sources d’approvisionnement et à réduire sa dépendance à l’égard de Pékin.
Une réponse stratégique à un marché sous tension
Les terres rares, composées de 17 éléments essentiels à la fabrication de technologies modernes, sont devenues un enjeu central des chaînes d’approvisionnement mondiales. Utilisées dans les véhicules électriques, les smartphones, les systèmes militaires ou encore les énergies renouvelables, elles sont au cœur des transitions technologiques en cours. Or, selon Reuters, la Chine contrôle actuellement plus de 90 % de l’offre mondiale comme rapporte nos confrères de Business Insider Africa, une position renforcée par de récentes restrictions à l’exportation, notamment sur les aimants en terres rares.
Dans ce contexte, l’Inde, cinquième économie mondiale, cherche à bâtir une alternative. Elle multiplie les partenariats internationaux, notamment sur le continent africain, qui dispose de réserves encore peu exploitées mais stratégiques pour les puissances industrielles émergentes.
Une coopération renforcée avec plusieurs États africains
D’après les précisions du ministre d’État indien chargé de l’énergie atomique, Jitendra Singh, des accords de coopération ont été établis avec plusieurs pays riches en ressources minières. En Afrique, ces partenariats concernent notamment la Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi et la Côte d’Ivoire. L’objectif est de créer un cadre stable pour la recherche, l’exploration et l’exploitation des minéraux critiques, tout en favorisant l’innovation dans le secteur.
Ces engagements ne se limitent pas au continent africain. L’Inde a également conclu des accords avec des pays comme l’Australie, l’Argentine, le Pérou, ou encore le Brésil, tout en collaborant avec des organismes internationaux tels que l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Mais c’est en Afrique que se concentre une partie majeure des efforts diplomatiques et industriels indiens, en raison des volumes potentiels d’exploitation et du positionnement stratégique du continent.
L’Afrique, nouveau champ de bataille des ressources critiques
La montée en puissance de l’Inde s’inscrit dans une reconfiguration globale des alliances autour des ressources critiques. Avec l’intérêt croissant des États-Unis, de l’Union européenne et de la Chine pour les gisements africains, le continent devient un véritable théâtre de compétition géoéconomique. L’enjeu dépasse la simple extraction minière : il s’agit de sécuriser des chaînes de valeur essentielles aux transitions énergétiques et technologiques, tout en assurant un accès pérenne à ces minerais dans un contexte géopolitique tendu.
Pour les pays africains partenaires, ces accords peuvent représenter une opportunité de valorisation de leurs ressources, de transfert de technologies et de création d’emplois. Toutefois, la réussite de ces coopérations dépendra d’une gouvernance transparente, de la stabilité institutionnelle et d’un cadre réglementaire attractif.
Un pilier de l’ambition industrielle indienne
Les ambitions de l’Inde dans le domaine des terres rares sont étroitement liées à ses plans de développement industriel, notamment dans la mobilité électrique, la défense et les technologies vertes. L’accès à des approvisionnements sécurisés constitue une condition clé pour atteindre ses objectifs de souveraineté technologique et énergétique.
À travers sa stratégie de partenariats en Afrique, New Delhi cherche à construire un écosystème plus résilient, moins vulnérable aux fluctuations du marché contrôlé par Pékin. Cette dynamique s’inscrit dans un mouvement plus large de diversification des chaînes d’approvisionnement mondiales, observé également dans d’autres secteurs stratégiques.



