Nucléaire : l'Iran hausse le ton avant des négociations avec l'Europe

Le nucléaire iranien, un sujet qui cristallise les attentions. L’accord signé en 2015 entre l’Iran et six grandes puissances visait à encadrer les ambitions nucléaires de Téhéran en échange d’une levée progressive des sanctions économiques. Huit ans plus tard, ce pacte est plus proche de l’agonie que de la relance. À quelques jours d’une rencontre à Istanbul, l’Iran fustige l’inaction des Européens, qu’il tient pour responsables de l’échec du dispositif.

L’Iran pointe la défaillance des Européens

Pour Téhéran, les engagements occidentaux n’ont pas été tenus. Lors d’une conférence de presse, Esmaïl Baghaï, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a accusé les pays européens – France, Royaume-Uni et Allemagne – d’avoir failli à leur parole. Si ces derniers se disaient favorables au maintien de l’accord, ils n’ont pas réussi à en préserver les bénéfices économiques pour l’Iran, notamment après le retrait fracassant des États-Unis en 2018.

Le dispositif INSTEX, censé contourner les sanctions américaines et maintenir les échanges commerciaux, n’a jamais véritablement fonctionné. Dans les faits, la majorité des entreprises occidentales ont quitté le marché iranien, confrontées à un climat de forte incertitude. Pour Téhéran, ce manque de volonté équivaut à une rupture implicite du contrat, et justifie les contre-mesures prises par la République islamique.

L’enrichissement d’uranium, arme de pression diplomatique

Depuis, l’Iran a relancé son programme nucléaire bien au-delà des limites initialement fixées. L’AIEA confirme que le pays enrichit désormais de l’uranium à hauteur de 60 %, une concentration qui reste inférieure au seuil nécessaire pour fabriquer une bombe (90 %), mais qui dépasse largement les 3,67 % autorisés par l’accord de 2015.

Cette montée en puissance, si elle est officiellement présentée comme réversible, constitue pour les Occidentaux une menace croissante. Paris, Berlin et Londres envisagent désormais d’activer un mécanisme de retour aux sanctions onusiennes, une disposition prévue par le texte en cas de non-respect des engagements. Une décision que Téhéran qualifie d’illégitime et « immorale », rappelant que ses actions sont encadrées par les clauses de l’accord lui-même, en réponse à la défection occidentale.

Des négociations fragiles sous tension croissante

La rencontre prévue le 25 juillet à Istanbul pourrait cristalliser les désaccords plutôt que les résoudre. Si les pays européens espèrent contraindre l’Iran à faire marche arrière, la République islamique réclame d’abord des garanties solides et des résultats tangibles avant tout retour aux restrictions.

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