Alors que le débat reste vif autour de la hausse des prix de Canal+ au Sénégal, l’attention se tourne désormais vers d’autres diffuseurs internationaux. Le député Guy Marius Sagna a récemment rendu publiques de nouvelles données concernant les redevances que devront désormais acquitter RFI et Radio Chine Internationale, deux acteurs historiques du paysage radiophonique sénégalais.
Jusqu’à présent, RFI ne versait qu’environ 10 millions de francs CFA par an pour l’exploitation de ses neuf fréquences dans le pays. Désormais, cette somme sera portée à 675 millions. Radio Chine, quant à elle, disposant de deux fréquences, sera tenue de verser 150 millions. Ces montants traduisent une volonté claire des autorités de revoir profondément la politique de redevance, longtemps jugée laxiste vis-à-vis des groupes étrangers. « La gouvernance change avec les patriotes », a écrit Guy Marius Sagna dans une publication sur Facebook où il précise ces chiffres.
Canal+, premier touché, premier à réagir
Quelques jours plus tôt, le député Guy Marius Sagna avait déjà annoncé que Canal+ serait redevable d’une somme d’environ 4,5 milliards FCFA pour l’année 2024, une somme sans précédent. Cette mesure a aussitôt provoqué une réaction de la filiale sénégalaise du groupe audiovisuel français, qui a décidé de répercuter cette nouvelle charge fiscale sur ses clients. Depuis la publication de son communiqué, Canal+ a appliqué une augmentation de 10 % sur l’ensemble de ses abonnements, qu’il s’agisse des offres basiques ou des formules premium. Des milliers de foyers à travers le pays subissent ainsi les effets immédiats de cette mesure.
Pour le gouvernement, ces ajustements visent à corriger des inégalités de longue date. La redevance audiovisuelle avait jusque-là permis à de grands groupes d’occuper l’espace médiatique sénégalais à moindre coût. En s’attaquant à ce déséquilibre, l’exécutif cherche visiblement à renforcer les recettes du Trésor tout en posant les bases d’un rapport plus équitable avec les opérateurs étrangers.
Des milliards de recettes inattendues pour l’État
Avec ces nouvelles dispositions, le Trésor public s’apprête à engranger plus de 5 milliards de francs CFA en redevances dans le secteur des médias, contre moins de 100 millions auparavant. Ce changement marque un basculement dans la façon dont l’État sénégalais entend gérer les ressources issues de l’exploitation de son spectre radiophonique et audiovisuel. Le contraste entre les montants antérieurement perçus et les nouveaux chiffres donne la mesure du manque à gagner accumulé pendant des années.
Si certains y voient une décision salutaire pour les finances publiques, d’autres redoutent que le surcoût imposé aux médias étrangers n’ait un effet domino sur les consommateurs. Le cas Canal+ en est un exemple frappant. Cette dynamique pourrait également inciter d’autres acteurs à revoir leur position sur le marché sénégalais ou à renégocier leurs modalités d’exploitation.
L’approche défendue par Guy Marius Sagna repose sur un principe de justice fiscale appliqué à tous, y compris aux puissants groupes étrangers. Pour l’instant, aucune information n’a filtré sur d’éventuelles réactions de RFI ou de Radio Chine. Mais la nouvelle grille tarifaire imposée par l’État sénégalais pourrait bien redéfinir les règles du jeu médiatique dans les mois à venir.


