Sénégal : Bac, une tendance nationale à la baisse depuis trois ans

Le baccalauréat sénégalais fait face à un essoufflement perceptible. Après deux années relativement constantes en 2022 et 2023, avec des taux de réussite globaux de 51,99 % et 51,54 % respectivement, la session de 2024 avait amorcé une inflexion, ramenant ce taux à 48,71 %. Ce recul s’est confirmé cette année avec un démarrage difficile : seuls 32 961 candidats ont été admis dès le premier tour, sur 156 050 ayant composé. Cela représente un taux de 21,12 %, l’un des plus faibles de la décennie. Ce résultat, bien en-deçà des attentes, relance les inquiétudes sur l’état général de l’enseignement secondaire et les capacités réelles du système à préparer efficacement les élèves à l’examen final.

Ces résultats ne peuvent être analysés sans tenir compte du contexte des dernières années, marqué par les réformes pédagogiques inachevées, l’instabilité des calendriers scolaires, les grèves répétées et une fracture numérique toujours présente entre les établissements. Dans ce climat, de nombreux élèves peinent à trouver un cadre de révision adéquat, et la sélection opérée par le premier tour semble aujourd’hui particulièrement sévère.

Des écarts régionaux révélateurs

Le tableau national masque d’importantes disparités territoriales. Si le taux moyen reste faible, certaines zones accusent un retard significatif. L’académie de Kolda, par exemple, affiche un taux de 14,9 %, traduisant les difficultés structurelles que rencontrent les élèves dans cette partie du pays, notamment en matière d’encadrement pédagogique et de moyens matériels. À Ziguinchor, certains centres comme le Lycée Djignabo n’atteignent même pas 13 %. À Dagana, la situation n’est guère meilleure avec un taux de 13,66 %.

D’autres localités s’en sortent un peu mieux, à l’image de la commune de Saint-Louis, qui enregistre 26,69 % de réussite au premier tour, ou encore Richard-Toll, avec 24,46 %. Ces variations ne sont pas anodines : elles reflètent, en creux, l’inégalité de l’offre éducative sur le territoire national. La qualité des infrastructures, la stabilité du corps enseignant, l’accès à l’électricité ou à Internet sont autant de facteurs qui peuvent influencer directement les performances des élèves.

L’enjeu du second tour : rattraper la confiance perdue

Alors que débute le second tour ce mercredi, la tension est palpable dans les centres d’examen. Pour les milliers de candidats autorisés à repasser certaines épreuves, l’enjeu est double : obtenir enfin le précieux sésame, mais aussi restaurer une part de confiance dans leurs capacités et dans le système qui les a formés. Le second tour, souvent considéré comme une seconde chance, prend cette année une importance accrue au regard du taux très bas de réussite initiale.

Il ne s’agit plus seulement d’un moment d’évaluation, mais d’un test de résilience pour toute une génération. Les résultats qui suivront seront scrutés avec attention par les familles, les enseignants et les autorités éducatives, dans l’espoir qu’ils permettront de redresser la courbe. Si le nombre d’admis augmente significativement après cette étape, il restera néanmoins à analyser en profondeur les causes de la baisse au premier tour.

Ce baccalauréat 2025, déjà marqué par les doutes et les contrastes, deviendra un marqueur de plus dans le débat sur la qualité de l’éducation au Sénégal. À défaut de chiffres rassurants, c’est désormais à la volonté collective de surmonter ces obstacles qu’il faudra s’accrocher. Le deuxième tour ne doit pas être vu comme une correction de trajectoire ponctuelle, mais comme l’opportunité de relancer un projet éducatif plus équitable et plus exigeant.

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