Sénégal : Dakar, nouveau théâtre des arbitrages budgétaires de l’UEMOA dès lundi

À partir de ce lundi 14 juillet, la capitale sénégalaise devient l’épicentre des discussions budgétaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Durant cinq jours, les quarante parlementaires composant le Comité interparlementaire de l’UEMOA, venus des huit pays membres, plancheront sur les finances de l’organisation régionale. Le principal enjeu de cette 56e session ordinaire porte sur le projet de budget 2026, mais les débats seront également nourris par l’évaluation du cadre pluriannuel 2026-2028, ainsi que par une analyse approfondie de l’exécution du budget en cours pour l’année 2025.

La tenue de cette session à Dakar intervient dans un climat institutionnel tendu. Il y a à peine quelques jours, le Conseil des ministres de l’UEMOA, réuni à Lomé, a été secoué par le départ des représentants des États du Sahel – Burkina Faso, Mali et Niger – en réaction à un désaccord sur la présidence tournante du Conseil. Ce retrait symbolique, survenu le 11 juillet, a mis en évidence les fragilités internes de la gouvernance régionale. Dans ce contexte, la réunion de Dakar est perçue comme une opportunité pour retisser du lien entre les instances de l’Union, tout en redéfinissant des priorités communes.

Des enjeux techniques sous haute surveillance politique

Le programme de cette semaine annonce une communication centrale autour des « procédures d’exécution des dépenses » des organes de l’UEMOA. Derrière cette thématique apparemment technique se cache une question essentielle : comment garantir une utilisation rigoureuse des ressources communautaires, à l’heure où certains États peinent à justifier leurs dépenses publiques ? Les parlementaires réunis au sein du Comité interparlementaire, dont cinq représentants sénégalais, auront la tâche délicate de statuer sur l’efficacité des dispositifs actuels et de recommander, si nécessaire, de nouvelles pratiques de contrôle et de transparence.

La présence du Sénégal à domicile confère aux élus sénégalais une responsabilité particulière. Dans un contexte où la bonne gouvernance budgétaire est de plus en plus scrutée par les opinions publiques, les représentants nationaux sont attendus sur leur capacité à impulser un débat constructif, tout en prenant des positions claires sur les dépenses excessives ou mal justifiées. Plusieurs voix dans la société civile, comme celle du député Guy Marius Sagna, ont déjà exprimé l’exigence de normes plus strictes en matière de reddition de comptes à l’échelle communautaire. Ce rendez-vous de Dakar pourrait être l’occasion pour ces exigences de se traduire en décisions concrètes.

Une union monétaire sous tension, mais toujours fonctionnelle

Si l’agenda technique domine, le contexte géopolitique n’est jamais loin. Contrairement à leur retrait affirmé de la CEDEAO, les pays de l’Alliance des États du Sahel n’ont pas quitté l’UEMOA, préférant préserver leur ancrage dans cette union où le franc CFA reste le pivot monétaire. Ce choix pragmatique reflète les avantages d’un espace commun de financement, mais il soulève aussi des contradictions dans les rapports entre États membres.

L’Union, aujourd’hui plus que jamais, doit réconcilier son socle économique avec les fractures politiques qui menacent sa cohésion. Dans ce paysage délicat, Dakar accueille bien plus qu’un cycle budgétaire : c’est un test de maturité pour les institutions parlementaires de l’UEMOA. Le sérieux des travaux attendus cette semaine sera sans doute déterminant pour juger de la capacité des États à maintenir, malgré les divergences, une trajectoire collective fondée sur la discipline budgétaire et l’intégration économique.

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