Sénégal : Des centaines de consultations, le succès d'un hôpital de campagne dans le sud

À Médina Yoro Foulah, l’arrivée de l’hôpital militaire de campagne a suscité espoir et soulagement. Dans cette région du sud, enclavée et souvent délaissée par les grandes infrastructures publiques, le déploiement de cette structure mobile depuis le 4 juillet a permis de combler un vide médical criant. Porté par une convention signée entre le ministère de la Santé et les Forces armées, ce centre temporaire est bien plus qu’un simple poste de secours : il s’agit d’un véritable hôpital de niveau intermédiaire, certifié EMT2 par l’Organisation mondiale de la santé, capable de gérer des urgences chirurgicales, des accouchements complexes, des consultations spécialisées et des examens d’imagerie.

La première césarienne pratiquée sur place, pilotée par l’équipe du médecin capitaine Ndéye Seynabou Diop, marque un jalon historique pour la commune. Jusque-là, les patientes devaient parcourir de longues distances vers Kolda ou Tambacounda pour espérer bénéficier d’un suivi approprié. Désormais, les femmes enceintes, les enfants et les malades chroniques peuvent être pris en charge sur place, avec des soins gratuits, rapides et de qualité.

Un dispositif militaire au service des oubliés du système de santé

Conçu pour intervenir dans des zones critiques ou à forte densité de besoins, l’hôpital de campagne mobilise les ressources logistiques et humaines de l’armée pour répondre à un enjeu civil : l’accès à la santé. Ce croisement inédit entre action militaire et service public sanitaire reflète une volonté nouvelle des autorités sénégalaises d’aller au plus près des citoyens vulnérables.

En moins de deux semaines, ce sont déjà près de 2 000 consultations qui ont été réalisées, alors que l’objectif initial était d’en atteindre à peine 200. Des chiffres qui témoignent à la fois de l’efficacité du dispositif et de l’ampleur des besoins non couverts dans cette partie du territoire. Les spécialités mobilisées couvrent un large spectre : médecine générale, gynécologie, pédiatrie, dermatologie, imagerie médicale, voire petite chirurgie. Les files d’attente s’allongent chaque jour devant les tentes blanches dressées au centre de la commune, attirant des patients venus parfois de villages situés à plusieurs dizaines de kilomètres.

Un modèle à essaimer dans les régions marginalisées

Prévu pour durer un mois, ce déploiement pourrait être prolongé, voire répliqué ailleurs. Car l’expérience de Médina Yoro Foulah montre que l’hôpital de campagne peut être bien plus qu’un dispositif ponctuel : il peut devenir un levier stratégique pour désenclaver médicalement le territoire. Dans un pays où les inégalités géographiques d’accès aux soins sont encore très fortes, notamment entre les grandes agglomérations et les zones rurales, ce type de réponse ciblée permet de réconcilier l’État avec ses périphéries.

Des discussions sont déjà en cours au sein des ministères concernés pour envisager d’autres missions sanitaires dans les régions de Kédougou, Sédhiou ou Matam, où les besoins sont similaires. En attendant, l’hôpital militaire de Médina Yoro Foulah fonctionne à plein régime. Il soigne, opère, soulage et, surtout, redonne confiance à une population qui, trop longtemps, n’a eu d’autre choix que la résignation face aux douleurs non traitées. En alliant discipline militaire et humanisme médical, cette initiative ouvre une voie pragmatique pour repenser l’équité sanitaire au Sénégal.

1 réflexion au sujet de « Sénégal : Des centaines de consultations, le succès d'un hôpital de campagne dans le sud »

  1. Les hôpitaux mobiles au Burkina Faso pour rapprocher les soins des pauvres populations font déjà leur preuve.

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