Lorsque Bassirou Diomaye Faye a affirmé sa volonté de mettre en œuvre tous les points de consensus issus du Dialogue national, il savait que les attentes étaient élevées. Cette promesse a placé l’ensemble du processus sous un faisceau d’attention inédit, en particulier sur les décisions concrètes qui en découleront. C’est dans ce contexte de vigilance démocratique que la désignation du comité chargé de formaliser les recommandations a été rendue publique, marquant une nouvelle phase décisive. Après plusieurs jours de débats entre les différentes sensibilités politiques et sociales, la balle est désormais dans le camp des techniciens, appelés à coucher sur papier les compromis politiques validés.
Un organe stratégique pour traduire les accords
Composé de dix membres, le comité de rédaction aura pour tâche de structurer juridiquement les conclusions du Dialogue national selon Le Soleil qui livre l’information. À sa tête, le magistrat Biram Sène, actuel Directeur général des Élections, assurera la coordination des travaux. Il sera secondé par l’administrateur civil Ibrahima Baldé, rapporteur et directeur de la Formation et de la Communication à la DGE. La mission de ce duo est claire : harmoniser les 27 consensus enregistrés et formuler des propositions cohérentes sur les sujets non tranchés.
Les autres membres illustrent un équilibre recherché entre expertise juridique, représentativité institutionnelle et connaissance du terrain. Le magistrat Souleymane Téliko, qui dirige le Centre de formation judiciaire, côtoiera le juriste Madieyna Bakhoum Diallo, directeur de cabinet au Conseil constitutionnel. Le comité intègre également la présidente de la Commission démocratie, libertés et droits humains, Thiaba Camara Sy, ainsi que le commissaire divisionnaire Abdou Aziz Sarr, en charge des opérations électorales à la DGE.
Le ministre directeur de cabinet adjoint du président, Pr Sidy Alpha Ndiaye, fait aussi partie des personnalités choisies, tout comme Abdou Ba, directeur des Libertés publiques et de la Législation. Deux figures reconnues dans le champ de la gouvernance complètent la liste : Dr Cheikh Guèye, facilitateur du dialogue sur le système politique, et Mamadou Seck, expert électoral et consultant sur les thématiques de paix et sécurité.
Une réforme électorale aux fondations redéfinies
Parmi les propositions qui ont fait consensus figure la transformation de la structure en charge des élections. L’idée de créer une Commission électorale nationale indépendante, dotée d’une autonomie constitutionnelle, a cristallisé l’attention. Cette future CENI devrait remplacer la Direction générale des Élections, longtemps perçue comme un prolongement de l’exécutif. Sa composition mixte — entre magistrats, société civile, anciens hauts fonctionnaires et représentants politiques — lui conférerait une légitimité renforcée. Elle se verrait confier le pilotage du fichier électoral, l’organisation matérielle des scrutins et la gestion des contentieux, jusque-là source de vives tensions.
Cette avancée a été perçue par de nombreux observateurs comme un tournant symbolique : pour la première fois, un consensus national pourrait donner naissance à un organe de régulation électorale avec des garanties institutionnelles fortes. Mais au-delà de la CENI, d’autres thématiques — libertés publiques, financement des partis, statut de l’opposition — attendent encore d’être consolidées.
La tâche du comité de rédaction sera donc délicate : il lui faudra transformer les compromis verbaux en textes applicables, sans perdre l’essence des engagements politiques. Ce travail minutieux précédera un éventuel arbitrage présidentiel sur les points restés sensibles. Pour le moment, l’agenda politique reste suspendu à une promesse : celle de traduire les mots du dialogue en lois effectives et équilibrées.

