Sénégal : Diplomatie active pour Mbayang Diop condamnée en Arabie Saoudite

En avril 2017, la vie de Mbayang Diop a basculé. Cette jeune Sénégalaise, partie quelques semaines plus tôt pour travailler comme domestique à Riyad, a été reconnue coupable du meurtre de son employeuse. L’affaire, marquée par des témoignages évoquant de graves maltraitances subies par Mbayang, a débouché sur une condamnation à mort. Depuis, son nom revient régulièrement dans les cercles de défense des droits humains et les débats sur les conditions de travail des migrantes sénégalaises dans les pays du Golfe. Elle est devenue, bien malgré elle, un symbole douloureux de la vulnérabilité des travailleuses domestiques isolées à l’étranger.

Le silence des années n’a pas éteint la mobilisation. Si les démarches judiciaires semblent avoir atteint leurs limites, les espoirs se sont peu à peu tournés vers la voie diplomatique. Ce dossier complexe mêle désormais enjeux humains, équilibres diplomatiques et prudence politique. Pour la famille Diop, chaque jour de silence est une peine supplémentaire. Pour les autorités, chaque initiative mal calibrée peut se heurter aux rigueurs du système judiciaire saoudien, difficilement influençable depuis l’extérieur.

Une pression morale accrue sur les autorités sénégalaises

C’est dans ce climat chargé que l’organisation Horizon Sans Frontières a pris la parole. Par voie de communiqué, elle a salué les efforts récents des autorités sénégalaises dans le traitement du dossier. Une manière d’encourager sans relâcher la pression. L’ONG, qui milite depuis plusieurs années pour la libération de Mbayang, appelle de nouveau le président Bassirou Diomaye Faye à intensifier les négociations. Elle affirme que seule une intervention directe au plus haut niveau pourrait offrir une issue favorable. Le roi Salmane Ben Abdel Aziz Al Saoud, en tant que gardien des deux mosquées saintes, est présenté comme la dernière clé diplomatique encore disponible.

En félicitant publiquement le chef de l’État pour les démarches déjà entreprises, Horizon Sans Frontières joue à la fois la carte de la reconnaissance et celle de l’incitation. Il s’agit de maintenir la question en haut de l’agenda gouvernemental, tout en évitant de braquer les autorités saoudiennes. Le ton du message est mesuré, mais la gravité du sujet transparaît dans chaque mot : il n’est pas question d’oublier, encore moins d’abandonner.

Une affaire aux résonances multiples

Le cas Mbayang Diop dépasse de loin le sort d’un individu. Il touche à la responsabilité collective du Sénégal à protéger ses ressortissants, et particulièrement les femmes parties travailler dans des environnements précaires. Il interroge aussi la façon dont les États africains gèrent leurs relations avec des partenaires puissants, mais peu enclins à remettre en question leur souveraineté judiciaire.

La question du droit à la défense, de la représentation consulaire et des garanties minimales de procédure se pose avec acuité dans un pays comme l’Arabie saoudite, où la peine capitale est encore appliquée. Le silence prolongé de certains dossiers ne signifie pas nécessairement l’abandon, mais il nourrit l’angoisse des proches et l’indignation des défenseurs des droits humains. Dans le cas de Mbayang, la situation reste figée depuis des années. Une sortie de crise, même partielle, aurait un effet symbolique considérable, bien au-delà du cadre judiciaire.

L’évolution de ce dossier dépendra désormais de la capacité du Sénégal à conjuguer fermeté, discrétion et diplomatie dans un environnement où chaque mot peut peser lourd. Pour Mbayang Diop, chaque jour qui passe est un jour de plus dans l’attente. Pour ceux qui portent sa cause, chaque prise de parole est une chance à ne pas manquer.

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