Sénégal : L'ANSD livre les chiffres comparatifs du commerce extérieur

Pour la première fois depuis des années, le Sénégal a réussi à contenir une partie de son déficit commercial grâce à un nouveau levier stratégique : l’exportation de pétrole brut. Ce virage a permis de compenser une dépendance ancienne à l’importation d’énergie, traditionnellement lourde dans la balance commerciale du pays. Le déficit global, qui s’établissait à 3 983,9 milliards de FCFA en 2023, s’est contracté de 731,5 milliards pour atteindre 3 252,3 milliards en 2024. Ce redressement marque un tournant dans la trajectoire économique du pays, qui amorce une transition vers une autonomie partielle sur le plan énergétique.

À l’origine de cette amélioration figure notamment la réduction nette du déficit sur le poste « énergie et lubrifiants », passé de -1 447,8 milliards à -930,2 milliards de FCFA. Ce rééquilibrage est lié à l’entrée du Sénégal dans le cercle des pays exportateurs de pétrole. L’exportation de 464,6 milliards de FCFA en huile brute nationale a agi comme un contrepoids à la facture énergétique, tandis que les produits pétroliers transformés ont généré 791,9 milliards de FCFA de recettes. Ce double apport consolide la position du pays sur le marché des hydrocarbures, avec des implications immédiates sur ses flux extérieurs.


Des exportations dopées par les matières premières stratégiques

L’année 2024 a vu les exportations globales bondir de 21,3 %, atteignant 3 909,1 milliards de FCFA contre 3 223,9 milliards l’année précédente. Cette performance est le fruit d’une dynamique impulsée par une poignée de produits à forte valeur : en tête, l’or non monétaire, avec une progression à 588,5 milliards de FCFA, et les conserves de poisson, qui ont franchi le seuil des 67 milliards. Si ces derniers ont joué un rôle d’appoint, c’est bien le pétrole – brut et raffiné – qui a assuré la poussée principale.

En revanche, certains secteurs ont connu un ralentissement, à l’image des ventes de crustacés, mollusques et coquillages, en baisse de plus de 15 milliards de FCFA. Les engrais minéraux et chimiques ainsi que le poisson frais de mer ont également reculé. Ces baisses, bien que significatives, n’ont pas suffi à freiner l’élan global, mais elles signalent une fragilité sur certains marchés traditionnels de l’économie bleue.

Côté destination, les flux se sont nettement réorientés. En 2024, l’Afrique est devenue le premier client du Sénégal, absorbant 37 % des exportations, contre 27,2 % pour l’Europe et 23,6 % pour l’Asie. Cette dernière a perdu près de sept points de pourcentage par rapport à l’année précédente, un recul notable qui illustre le recentrage régional du commerce sénégalais.

Importations contenues, déficit atténué

Du côté des importations, une légère contraction de 0,6 % a été enregistrée, ramenant leur volume à 7 161,4 milliards de FCFA. Plusieurs postes ont fortement chuté, traduisant un ajustement dans les habitudes d’achat du pays : les outillages de quincaillerie ont diminué de 66,8 %, les tubes et tuyaux de près de 50 %, les véhicules terrestres de 28,4 % et les camions de 15,9 %. Même les importations d’huile brute de pétrole ont reculé de 14,7 %, confirmant une moindre dépendance énergétique.

Les fournisseurs principaux restent stables, avec une prédominance de l’Europe (45,1 %) et de l’Asie (31,1 %), suivis de l’Afrique (12 %), de l’Amérique (10,4 %) et de l’Océanie (0,5 %). Cette répartition reflète une certaine continuité dans les sources d’approvisionnement, malgré la montée de nouvelles priorités économiques.

La combinaison d’exportations en forte hausse et d’importations légèrement réduites a permis au Sénégal d’améliorer significativement sa position commerciale, sans pour autant combler totalement son déficit. Le pays reste structurellement importateur, mais l’émergence de ressources exportables comme le pétrole et l’or redéfinit les équilibres. L’excédent sur l’or non monétaire a ainsi grimpé à 587,9 milliards de FCFA, et celui des matières premières animales à 215,7 milliards, renforçant les postes excédentaires du commerce sénégalais.

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