Un an après sa prise de fonction, Jean Michel Sène, directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER), met en avant des résultats qui interpellent jusque sur les réseaux sociaux. En posant directement la question aux citoyens sur X, anciennement Twitter, l’ASER sollicite l’avis du public : que penser de cette première année à la tête de l’institution ? À cette interpellation, plusieurs internautes saluent une dynamique nouvelle. Et pour cause : rien qu’au premier trimestre 2025, l’agence a électrifié 172 villages, soit un chiffre qui dépasse déjà largement la moyenne annuelle des années précédentes, établie à environ 125 villages.
Cette montée en puissance illustre une rupture nette avec les performances antérieures. L’usage d’outils de communication directe, la transparence sur les chiffres et un engagement visible sur le terrain marquent le style de gestion de Jean Michel Sène. Ce dernier, à l’image d’un capitaine de navire en pleine tempête énergétique, tente de maintenir le cap sur la promesse d’un accès universel à l’électricité en milieu rural à l’horizon 2025.
Une communication jeune, des critiques politiques persistantes
Si la stratégie de communication semble avoir modernisé l’image d’une institution longtemps perçue comme opaque, elle ne suffit pas à faire taire toutes les interrogations. Le député Pape Djibril Fall a récemment jeté un pavé dans la mare en annonçant des initiatives parlementaires pour enquêter sur la légalité et la solidité des contrats signés par l’agence. L’opposition pointe du doigt le manque de clarté dans les mécanismes de garantie financière, notamment dans les montages impliquant le secteur privé.
La visibilité médiatique accrue de l’ASER et son passage à l’ère des bilans participatifs ne masquent donc pas les tensions politiques qui entourent la gestion des ressources publiques. En arrière-plan, les critiques visent autant la gouvernance que la capacité de l’agence à tenir ses engagements à long terme, dans un contexte où l’endettement du secteur énergétique reste scruté de près.
Une course contre la montre pour l’accès universel
L’ambition reste pourtant immense : porter le taux d’électrification rurale à 100 % d’ici 2025, alors qu’il atteignait à peine 62 % en 2022. Pour y parvenir, l’agence mise sur un partenariat renforcé avec les acteurs privés, des montages contractuels optimisés et une présence renforcée sur le terrain. Mais chaque avancée s’accompagne de nouveaux défis. La transparence des appels d’offres, la maintenance des installations et la qualité du service rendu dans les zones reculées deviennent autant de critères décisifs pour évaluer l’impact réel du travail accompli.
À un an de l’échéance stratégique, l’ASER ne peut plus se contenter de chiffres bruts. La question n’est plus seulement combien de villages ont été électrifiés, mais combien d’entre eux bénéficient durablement d’un service fiable, continu et accessible à tous. Le vrai test pourrait donc ne pas se jouer sur les réseaux sociaux, mais dans la continuité de la lumière allumée au cœur des campagnes sénégalaises.


