Face à une majorité écrasante du PASTEF à l’Assemblée nationale, les députés de la coalition Takku Wallu Sénégal ont choisi de faire entendre leur voix. Ce lundi à Dakar, ils ont dressé un bilan de leur action parlementaire, malgré une chute historique de leur représentation.
Une minorité résiduelle mais active
Passée de 106 à 16 députés à l’issue des dernières législatives, la coalition Takku Wallu Sénégal vit aujourd’hui en minorité sévère dans une Assemblée dominée par les 130 sièges du PASTEF. Un contraste brutal avec les législatures précédentes, qui n’a pourtant pas empêché ses élus de participer activement aux travaux. Lors d’une conférence de presse tenue le 7 juillet, Djimo Souaré a défendu un bilan engagé, fondé sur une présence constante dans les plénières, les commissions spécialisées et les groupes ad hoc.
Cette implication s’est notamment traduite par la formulation de questions orales et écrites, et la mobilisation d’outils juridiques contre certaines décisions majoritaires. Les députés de Wallu revendiquent ainsi avoir contribué à faire annuler, via un recours constitutionnel, une loi controversée sur l’amnistie. Une autre procédure est en cours devant la Cour suprême concernant la conformité du bureau de l’Assemblée.
Une dénonciation des déséquilibres institutionnels
Au-delà des aspects techniques de leur travail, les élus de Takku Wallu ont exprimé de vives critiques contre le fonctionnement de l’hémicycle. Ils pointent un verrouillage de l’agenda législatif par l’exécutif, laissant peu de place aux initiatives parlementaires. Aïssata Tall Sall, l’une des figures du groupe, estime qu’un député, dans les faits, ne peut plus proposer de loi sans l’aval de la majorité. Elle évoque un « monopole d’orientation » exercé par le gouvernement, réduisant l’Assemblée à un espace d’enregistrement.
Autre grief majeur : le non-respect du règlement intérieur. Selon les membres de Wallu, certains droits élémentaires des parlementaires, comme celui d’expliquer une question préalable, sont fréquemment ignorés. Cette situation renforcerait, à leurs yeux, l’image d’une Assemblée nationale qui a perdu son indépendance et sa capacité de contrepoids.
Mais cette posture défensive cache aussi une réalité politique plus dure : l’affaiblissement d’un courant qui, il y a peu encore, fixait le tempo législatif. Le bilan présenté par Takku Wallu est celui d’un groupe réduit mais qui refuse de disparaître. En assumant son rôle de minorité, il mise sur la durée et sur les possibles inflexions du jeu parlementaire à venir. Dans cette perspective, le respect des règles de procédure devient un levier pour exister, autant qu’un outil de légitimité face à une majorité dominante.


