Sénégal : Le démenti de la primature sur la rencontre avec les magistrats

Alors que plusieurs journaux faisaient état d’une rencontre refusée entre le Premier ministre Ousmane Sonko et l’Union des magistrats du Sénégal (UMS), la Primature est sortie du silence. Dans un communiqué relayé ce lundi, elle dément toute sollicitation officielle, évoquant plutôt une initiative isolée d’un membre de son cabinet.


Une tempête médiatique déclenchée par une rumeur persistante

Depuis 24 heures, la supposée demande d’audience du chef du gouvernement adressée à l’UMS et son prétendu rejet ont dominé les manchettes. Certains titres ont même présenté cette « fin de non-recevoir » comme un camouflet infligé au Premier ministre. Cette lecture a suscité des réactions en chaîne, alimentant la perception d’un climat de défiance entre l’exécutif et le corps judiciaire. Face à l’ampleur de la polémique, la Primature a tenu à rectifier le tir. À travers une mise au point claire, elle déclare n’avoir initié aucun contact formel avec l’UMS, ni par voie écrite ni par démarche officielle.

Ce recadrage intervient dans un contexte marqué par une sensibilité accrue autour des relations entre les institutions. La moindre tentative de dialogue ou d’échange prend une résonance politique, parfois déformée par les relais médiatiques. Le communiqué publié rappelle que ni le Premier ministre ni son cabinet n’ont formulé de demande protocolaire à l’attention de l’Union des magistrats.


Un conseiller au cœur de l’initiative

À l’origine de cette confusion, un magistrat membre de l’UMS, également conseiller juridique auprès du Premier ministre, aurait personnellement proposé une rencontre informelle. Cette démarche, selon la Primature, n’engageait en rien le gouvernement. Le conseiller, invoquant une volonté de décrispation et de concertation, aurait suggéré de son propre chef un échange entre Ousmane Sonko et des représentants de la magistrature. L’objectif, selon une source interne, était de favoriser une discussion sur les réformes en cours et d’explorer les possibilités de collaboration autour des enjeux judiciaires actuels.

Cependant, cette démarche a rapidement été perçue comme une tentative de récupération politique ou comme un geste d’apaisement déguisé. Le fait qu’elle émane d’un magistrat rattaché à la fois à l’exécutif et à l’UMS a brouillé les lignes, faisant naître des interrogations sur l’indépendance de l’initiative. La clarification apportée par la Primature vise donc à dissiper toute ambiguïté quant à l’origine et la portée de cette tentative de rapprochement.


Une mise au point pour désamorcer une crise de confiance

Ce démenti intervient alors que les relations entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire traversent une zone de turbulences. Le Premier ministre, récemment accusé de porter des jugements sévères sur certains magistrats, fait l’objet de critiques venant de l’appareil judiciaire lui-même. Dans ce climat tendu, toute tentative d’approche est scrutée, disséquée, et souvent interprétée comme un acte politique. La réaction de l’UMS, qu’on disait réticente à l’idée d’un échange avec le chef du gouvernement, semble ainsi avoir été anticipée et instrumentalisée à tort.

En prenant la parole, la Primature cherche non seulement à se dégager de cette polémique, mais aussi à recentrer le débat. Elle insiste sur le fait que seule une volonté républicaine pourrait justifier une future rencontre entre les deux parties, à condition qu’elle soit portée de manière ouverte, transparente et dans le respect des formes.

Au-delà de la polémique, cet épisode rappelle la complexité des relations entre les institutions dans un État en transition. À l’heure où des réformes judiciaires sont attendues, le dialogue entre les pouvoirs apparaît essentiel. Encore faut-il qu’il se construise sur des bases claires, sans interférences, ni malentendus.

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