À la veille de son audition par la Division spéciale de la cybercriminalité, le journaliste Madiambal Diagne fait de nouveau parler de lui. Connu pour ses prises de position tranchées, il a déclenché une vive controverse à la suite d’une publication sur les réseaux sociaux commentant l’émission Jakaarlo. Une nouvelle séquence judiciaire s’annonce pour le directeur du groupe Avenir Communication.
Une phrase, une convocation, une nouvelle tension
En quelques mots publiés sur X, Madiambal Diagne a déclenché une tempête numérique. En s’exprimant après un passage controversé de l’émission Jakaarlo sur TFM, il a repris, avec une ironie mordante, une déclaration d’un intervenant de l’émission, qualifiant Adji Sarr de « prostituée » et Ousmane Sonko de « client ». Si certains y ont vu une critique d’un débat confus et d’un échange maladroit, d’autres ont interprété la publication comme une attaque personnelle ou une relance d’une affaire déjà très sensible.
Quelques heures après ce message, le journaliste a annoncé être convoqué par la Division spéciale de la cybercriminalité. Selon ses dires, le lieutenant en charge de l’enquête n’a pas souhaité lui révéler la nature des faits qui lui sont reprochés. Cette zone d’ombre autour de l’objet de la convocation a immédiatement suscité des interrogations, notamment sur les limites de la liberté d’expression dans le paysage médiatique sénégalais actuel.
Un dossier judiciaire déjà chargé
Ce n’est pas la première fois que Madiambal Diagne se retrouve au cœur d’un différend judiciaire avec le leader de Pastef. En décembre dernier, il avait déjà été entendu par la justice à la suite d’une plainte pour diffamation déposée par Ousmane Sonko. Lors de cette audition, accompagné de son avocat Me El Hadj Amadou Sall, il avait reconnu les propos mis en cause mais réfuté toute volonté de nuire ou de salir l’image du Premier ministre. À l’époque, il avait défendu une posture journalistique d’analyse politique, tout en assumant une certaine dureté dans le ton.
La convocation de ce 8 juillet pourrait être une conséquence directe de cette trajectoire judiciaire déjà bien entamée. Elle pourrait aussi marquer une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose certaines figures de la presse à un pouvoir exécutif désormais plus regardant sur les propos publics diffusés en ligne.
Liberté d’expression ou provocation calculée ?
Le cas Madiambal Diagne illustre les tensions croissantes entre l’univers médiatique et les nouveaux contours du pouvoir politique au Sénégal. Dans un pays où les réseaux sociaux prolongent les débats télévisés et où la parole publique circule sans filtre, les journalistes influents se retrouvent fréquemment au cœur de polémiques à fort retentissement. La question reste entière : jusqu’où peut-on aller dans la provocation ou la critique sans tomber sous le coup de la loi ?
Pour certains, Diagne ne fait que poser des mots sur des vérités mal assumées. Pour d’autres, il adopte un ton inutilement clivant, voire irresponsable. Entre ces deux lectures, c’est le rôle même du journalisme d’opinion qui est mis à l’épreuve. L’issue de l’audition prévue ce mardi pourrait influencer durablement la manière dont les acteurs de la presse aborderont les sujets sensibles à l’avenir. Dans un espace public de plus en plus réglementé, chaque mot compte — et chaque tweet peut désormais valoir convocation.


