Sénégal : Le ministère annonce le recrutement exceptionnel de 500 enseignant-chercheurs et assimilés

L’Université sénégalaise s’apprête à accueillir un souffle nouveau. Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) a officiellement lancé un plan de recrutement exceptionnel de 500 enseignants-chercheurs et personnels assimilés. Cette mesure d’envergure intervient dans un contexte de pénurie manifeste de ressources humaines qualifiées dans les établissements publics d’enseignement supérieur du pays. De nombreux départements souffrent d’un sous-encadrement chronique, compromettant à la fois la qualité de la formation et la capacité d’accueil face à une demande étudiante croissante.

Cette décision s’insère dans la dynamique impulsée par l’ANTESRI 2050 (Agenda national de transformation de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation), projet stratégique porté par le gouvernement sénégalais pour remodeler en profondeur le système universitaire et scientifique. L’annonce a été faite en marge des Assises nationales de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, ouvertes à Diamniadio, en présence du président de la République, Bassirou Diomaye Faye. L’objectif est clair : pallier rapidement les déséquilibres de l’encadrement pédagogique afin de mieux outiller les jeunes générations pour répondre aux défis techniques et scientifiques du pays.

Des formations à adapter aux enjeux nationaux

Au-delà du renforcement des effectifs universitaires, les travaux des commissions thématiques ont mis en évidence un autre problème structurel : l’inadéquation des formations avec les réalités économiques et sociales du Sénégal. Le pays continue de former massivement dans des filières généralistes, souvent peu connectées aux besoins des secteurs industriels, technologiques ou agricoles. En revanche, les profils techniques, scientifiques et numériques, indispensables à l’autosuffisance alimentaire, à l’industrialisation ou au développement pharmaceutique local, restent en nombre insuffisant.

Cette faiblesse structurelle affecte directement la compétitivité nationale, freinant la montée en compétence d’une jeunesse pourtant dynamique. L’un des enjeux des assises en cours est donc la refonte profonde des curricula pour casser les logiques élitistes héritées du système colonial et orienter davantage l’enseignement supérieur vers l’innovation, la pratique et la résolution de problèmes concrets.

Un projet structurant lancé à Diamniadio

Le coup d’envoi de ce vaste chantier a été donné le 17 juillet 2025 au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD), marquant une étape fondatrice pour l’ANTESRI 2050. Cette feuille de route se construit autour de huit commissions thématiques déjà à pied d’œuvre depuis le 21 juillet. Les premières conclusions, attendues en fin de semaine, devront aboutir à des recommandations précises et actionnables.

Le recrutement massif des enseignants s’annonce comme le premier jalon d’un chantier plus large qui devra, à terme, repenser aussi bien la gouvernance universitaire que les mécanismes de financement de la recherche ou l’intégration des technologies de pointe dans l’enseignement. Pour les autorités, l’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR doit devenir un levier opérationnel de la transformation nationale. “Former moins de théoriciens et plus de bâtisseurs de solutions”, résume un responsable du MESRI.

Face à l’urgence de faire évoluer un système longtemps figé, ce recrutement de 500 enseignants-chercheurs apparaît comme un signal fort. Il offre une perspective à des milliers de doctorants en attente d’intégration, tout en donnant aux universités les moyens de mieux remplir leurs missions de transmission et de création de savoirs utiles.

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