Sénégal : Le pays convainc et boucle son financement à 300 milliards

Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, les discussions entre Dakar et le Fonds monétaire international sont à l’arrêt. Ce climat d’incertitude sur les financements traditionnels a contraint les nouvelles autorités à chercher des solutions en interne. Déterminé à poursuivre les projets prioritaires sans dépendre des bailleurs extérieurs, le Sénégal s’est tourné à deux reprises vers le marché national en 2025, en misant sur les Appels Publics à l’Épargne (APE). En mars, cette démarche avait permis de lever 405 milliards FCFA. Fin juin, une seconde opération du même type a été lancée, avec un objectif annoncé de 300 milliards.

Malgré le scepticisme de certains analystes, cette approche s’est révélée fructueuse. Le dernier APE, clôturé le 8 juillet, a généré un montant total de 364 milliards FCFA, dépassant largement les prévisions initiales. Avec un taux de couverture de 121,3 %, l’État démontre qu’il peut encore mobiliser ses forces internes pour se financer et maintenir le cap de ses ambitions budgétaires.

Un succès porteur de symboles économiques

Au-delà des chiffres, cette levée de fonds exprime un regain de confiance. Ce sont les citoyens, les entreprises, les banques et les investisseurs institutionnels qui ont répondu présents, confirmant leur adhésion à une vision centrée sur la souveraineté économique. Alors que les regards se tournent souvent vers l’extérieur pour soutenir les politiques publiques, le Sénégal fait ici la démonstration que son marché intérieur peut devenir un levier sérieux de financement.

Le ministère des Finances et du Budget a d’ailleurs salué l’ensemble des souscripteurs qui ont permis à cette opération d’atteindre ses objectifs. « Nous remercions les citoyens, les partenaires et les investisseurs institutionnels qui ont accordé leur confiance à cette initiative nationale », a déclaré l’équipe ministérielle dans un communiqué publié peu après la clôture.

Ce succès n’est pas qu’un indicateur financier. Il valide une orientation politique qui entend faire de la mobilisation des ressources internes un pilier de l’autonomie économique, dans un contexte régional où les chocs extérieurs – qu’ils soient géopolitiques ou monétaires – bousculent les équilibres traditionnels.

Des défis à la hauteur des ambitions

Cette performance ne doit toutefois pas masquer les risques liés à la multiplication des émissions obligataires. S’endetter sur les marchés, même locaux, implique des obligations de remboursement à moyen et long terme, avec des taux d’intérêt à surveiller de près. Le défi sera donc de conjuguer rigueur dans la gestion budgétaire et efficacité dans l’allocation des ressources mobilisées.

La réussite de ce second APE confirme que les marges de manœuvre existent encore pour faire face à la suspension des flux extérieurs. Mais elle pose aussi une exigence : celle de garantir que ces ressources serviront effectivement les priorités sociales et les projets structurants annoncés. La confiance des investisseurs n’est jamais acquise. Elle se consolide dans l’exécution.

En trouvant des alternatives crédibles au financement international, le Sénégal affirme son choix d’une trajectoire maîtrisée. Ce tournant, s’il est bien géré, pourrait inspirer d’autres pays confrontés aux mêmes contraintes. Mais tout dépendra désormais de la manière dont chaque franc mobilisé sera dépensé.

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