Sénégal : Le Président Faye visite les sites militaires libérés par la France

Moins d’un jour après la restitution officielle du camp militaire de Ouakam, point final d’un cycle de transferts entamé depuis plusieurs mois, le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, a marqué l’événement par une visite de terrain hautement symbolique. Ce déplacement du Président, accompagné de plusieurs ministres et du Haut Commandement militaire, sur les sites stratégiques de Ouakam, Bel Air et de la Marine, scelle un tournant historique : pour la première fois depuis l’indépendance, ces emprises militaires ne relèvent plus d’une présence étrangère mais sont entièrement sous l’autorité sénégalaise. La présence du Président, non pas dans une logique de commémoration, mais dans une posture d’évaluation concrète, illustre la volonté de s’approprier immédiatement ces espaces et d’en faire des leviers d’action nationale.

Des infrastructures à revaloriser pour une armée plus autonome

Les bâtiments visités ne sont pas de simples vestiges d’un passé militaire partagé. Ils incarnent des opportunités concrètes pour la transformation des capacités opérationnelles du Sénégal. Les locaux d’hébergement, les équipements logistiques, les zones dédiées aux opérations : chaque recoin a été scruté pour en mesurer l’état et envisager les prochaines affectations. Il ne s’agit pas seulement de reprendre la clé des lieux, mais de penser à leur réutilisation efficace, en fonction des besoins actuels et futurs des forces armées. Ce retour de contrôle intervient à un moment stratégique où la réflexion sur la souveraineté s’élargit à toutes les dimensions : de la défense à la formation, de la coopération technique à l’innovation militaire.

Une nouvelle dynamique dans les relations franco-sénégalaises


La restitution des cinq camps militaires, conclue le 17 juillet dernier à Ouakam lors d’une cérémonie solennelle, met fin à 65 années de présence militaire française au Sénégal. Mais loin de signaler une rupture brutale, cette évolution traduit une redéfinition des équilibres. Le dialogue engagé entre Dakar et Paris a été guidé par une logique de respect mutuel, permettant d’ouvrir une page nouvelle. L’accent est désormais mis sur la formation conjointe, l’amélioration de l’interopérabilité et le développement des compétences locales. À la place d’une présence physique étrangère, ce sont les synergies techniques et pédagogiques qui dessinent l’avenir de la coopération militaire. La transition en cours reflète une volonté partagée de repenser les partenariats sur des bases plus adaptées aux réalités du moment, où chaque acteur affirme son autonomie tout en gardant des points d’ancrage communs.

La visite du Président Diomaye Faye sur les sites militaires récemment libérés est bien plus qu’un geste protocolaire. Elle s’inscrit dans une logique d’affirmation de la capacité du Sénégal à reprendre la main sur ses outils stratégiques et à choisir lui-même les contours de ses alliances. La fin d’un cycle de 65 ans de présence militaire française n’est pas un effacement de l’histoire, mais une redistribution des rôles où l’initiative revient pleinement à l’État sénégalais. Ce changement de cap, pensé et négocié, redéfinit la place du pays dans son environnement sécuritaire, tout en offrant un terrain neuf pour repenser la défense nationale avec ambition, compétence et fierté.

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