Sénégal : Marche togolaise interdite, le FRAPP monte au front

Alors que le Togo traverse une nouvelle phase de tension politique marquée par une répression violente des mouvements citoyens à Lomé, la tentative de solidarité sénégalaise a été brutalement freinée à Dakar. Une marche pacifique prévue ce samedi pour dénoncer les exactions du régime togolais a été interdite par le préfet de Dakar. Une décision qui a immédiatement suscité l’indignation du mouvement FRAPP, qui voit dans cette interdiction une prise de position indirecte mais claire de l’administration sénégalaise en faveur d’un régime autoritaire en place depuis plus d’un demi-siècle.

Cette posture administrative est perçue comme symptomatique d’un climat plus global d’étouffement des expressions panafricanistes sur le continent. Le FRAPP accuse les autorités locales de prolonger, sur le territoire sénégalais, une forme de censure politique exportée, qui empêcherait même de dénoncer l’intolérable au-delà des frontières nationales. Pour les militants, il ne s’agit pas seulement d’une question de procédure ou de sécurité publique, mais d’un positionnement politique assumé, qui va à l’encontre des aspirations populaires.

Le Sénégal, miroir des luttes régionales

La résonance de cette affaire dépasse largement la géographie dakaroise. Des voix fortes de la société civile, à l’instar de Guy Marius Sagna et Alioune Tine, ont publiquement exprimé leur appui à la lutte du peuple togolais, dénonçant la persistance d’un système politique considéré comme le plus ancien régime autoritaire d’Afrique de l’Ouest. Leur engagement, relayé massivement sur les réseaux sociaux, rappelle que les citoyens sénégalais ne sont pas insensibles aux dérives autoritaires dans la région.

À travers cette interdiction, le pouvoir préfectoral se retrouve en porte-à-faux avec une partie de l’opinion publique, attachée à l’idée d’une solidarité active entre les peuples d’Afrique de l’Ouest. Le message porté par les militants est limpide : ignorer ce qui se passe à Lomé aujourd’hui, c’est tolérer qu’une mécanique similaire puisse un jour être reproduite ailleurs. Et dans un espace sous-régional où les dynamiques politiques s’influencent mutuellement, le silence est perçu comme un choix aux conséquences concrètes.

Une solidarité qui refuse de se taire

Malgré le refus de l’autorisation préfectorale, le FRAPP ne compte pas se résigner. Dans un ton résolument combatif, le mouvement affirme sa volonté de continuer à faire entendre la voix des peuples en lutte, avec ou sans le feu vert des autorités locales. Il évoque une détermination à « déchirer le bâillon » et à maintenir vivante la flamme de la solidarité africaine, par l’action, la parole et la visibilité.

Cette posture souligne une dynamique militante qui s’alimente autant de la contestation politique que de l’indignation morale. Pour le FRAPP, la convergence des luttes est une nécessité, non un slogan. Les interdictions, loin de freiner leur élan, paraissent plutôt renforcer la conviction que les lignes de fracture actuelles ne sont pas que nationales. Elles divisent ceux qui défendent les libertés, de ceux qui les restreignent. Et à Dakar comme à Lomé, ce clivage devient chaque jour plus visible.

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